Libération

UBISOFT FINI DE JOUER

«Libération» poursuit son enquête mettant en lumière la culture toxique au sein du géant français du jeu vidéo et publie de nouveaux témoignage­s qui mettent en cause le numéro 2 d’Ubisoft.

- Par Erwan Cario et Marius Chapuis

La mise en place d’une cellule de crise après les accusation­s publiées dans «Libération» n’a pas empêché la multiplica­tion des témoignage­s décrivant la culture toxique à l’oeuvre dans l’entreprise de jeux vidéo. Beaucoup pointent le numéro 2, Serge Hascoët.

Dix jours après la publicatio­n de l’enquête sur le fleuron du jeu vidéo Ubisoft, Libération a tenté de percer ce qui se cache derrière ce «mur des RH». Un mur contre lequel venaient se fracasser les signalemen­ts de victimes de harcèlemen­t moral et sexuel qui aurait été commis au plus haut niveau de l’entreprise. D’après les remontées anonymes initiées par Ubisoft au lendemain de la crise, c’est le rôle central dans la perpétuati­on de cette culture d’impunité du numéro 2 et gourou créatif de l’entreprise,

Serge Hascoët, qui apparaît aujourd’hui en pleine lumière. Celui à qui l’on attribue les lauriers des franchises stars Assassin’s Creed et Watch Dogs «a le comporteme­nt le plus toxique de toute l’entreprise», nous dit une source aux RH du siège : «Il est malin, parce qu’il navigue sur une ligne de crête. Tout le monde le sait, le connaît pour ça. Il est même valorisé pour sa toxicité.»

Cellule de crise d’Ubisoft, à Montreuil (SeineSaint-Denis), vendredi 3 juillet. Gradée d’un site Ubisoft, Romane (1) estime, à entendre la grande cheffe des ressources humaines et de la com, que la réponse ne sera pas à la hauteur de la crise. «Je suis sortie de la réunion avec l’impression qu’on faisait fausse route, nous raconte-t-elle. Cécile Cornet était en train de dédouaner les RH. Dans la réunion, il y a tous les services dont la fonction est de garantir un environnem­ent de travail safe, la diversité, l’inclusion, et là, ce qu’on m’explique, c’est qu’il faudrait qu’on soit lavés de toute responsabi­lité. Ce que je comprends, c’est qu’Ubisoft va sanctionne­r quelques personnes, les plus visibles, histoire de faire bonne figure à l’extérieur, mais qu’on sauvera tous les gens toxiques dont le nom n’est pas sorti avec autant de force.» L’objectif est même daté : la direction espère qu’on ne parlera plus du scandale Ubisoft à l’extérieur d’ici une semaine.

«en tant que femme, on est devenue une menace»

Créé le 22 juin après le début d’une vague d’accusation­s sur Twitter pour des faits de harcèlemen­t et d’agressions sexuelles à l’encontre des membres très haut placés d’Ubisoft, la cellule de crise va crescendo depuis. Une croissance accélérée à la suite de la publicatio­n par Libération, le 2 juillet, d’une enquête dans laquelle une vingtaine de témoignage­s mettaient au jour la culture toxique qui régnerait à l’«Edito», service phare du siège de l’entreprise, où un boys’club se serait constitué autour d’un de ses vice-présidents emblématiq­ues, Tommy François. Accusé de harcèlemen­t moral et sexuel et d’agression sexuelle par de nombreuses personnes qui se confiaient à Libération, l’homme aurait été couvert par l’impunité que lui conférait son

statut de bras droit de Serge Hascoët, grand patron des créatifs à Ubisoft, celui qui a le droit de vie et de mort sur tous les projets de l’entreprise. Et par un mur des RH contre lequel chaque victime venait se heurter, tout signalemen­t étant accueilli d’un «ce sont des créatifs, c’est comme ça qu’ils fonctionne­nt» ou «si tu ne peux pas travailler avec lui, il est peut-être temps que tu partes».

En interne, la mise au jour de l’étendue de ces comporteme­nts toxiques est accueillie de deux manières. D’un côté, l’hostilité, comme nous le raconte une femme qui travaille depuis longtemps à Ubisoft : «Depuis vos révélation­s, la situation ici a empiré. Les réactions au sein des studios de production sont extrêmes. Tous les chefs ont eu pour consigne de parler aux employés, mais ils ne le font que par obligation. Ils restent convaincus que cela nuit à leur liberté. Ils appellent ça “une chasse aux sorcières”. En plus du reste, en tant que femme, on est devenue une menace. C’est loin d’être agréable à vivre.» De l’autre, des employés qui ne croient pas à la véracité de l’opération mains propres en cours et osent le dire sur le réseau social de l’entreprise, Mana. L’un d’eux fulmine en son nom propre : «Après la lecture de ces articles, je n’attends rien moins que la démission ou le licencieme­nt de Serge Hascoët et [la DRH] Cécile Cornet. Je ne vois vraiment pas d’autre option soutenable moralement.» Un autre : «Face à une tragédie, Ubisoft échoue à réagir humainemen­t. […] J’attendais mieux qu’une réponse générique et impersonne­lle à toute cette douleur, cette colère et cette peur que nous avons exprimées ces dernières semaines.»

Plus d’une centaine de cas signalés

La division est profonde et touche même l’ensemble des services RH des différente­s entités d’un groupe présent dans plus de 30 pays avec plus de 18 000 salariés. Au cours d’une visioconfé­rence, les 90 responsabl­es des ressources humaines assistent à une prise de parole décrite par un de nos témoins comme «ubuesque». «Le chef des RH de Montréal intervient et dit : “Ces articles sont injustes, et si Yves [Guillemot, le PDG, ndlr] ne fait pas une déclaratio­n publique pour disculper les RH, c’est simple, je quitte Ubi avec la moitié de mon équipe”, raconte Romane. Après lui, tous ses lieutenant­s ont enchaîné avec des “I agree”, “I agree”…» L’énorme studio de Montréal est lui aussi au centre des allégation­s de harcèlemen­t sexuel, le journal québécois la Presse faisant état de problèmes similaires à ceux que nous rapportion­s à propos du siège parisien. «C’était insensé, ajoute Romane, nos discussion­s prenaient un tour étrange, nombre de RH se plaçaient dans la position de victime. Même si l’on peut tout à fait entendre que tous les services RH ne sont pas coupables d’avoir dissimulé des agissement­s toxiques, cela n’en constitue pas moins un échec collectif.» Dans une lettre aux employés, le PDG, Yves Guillemot, a promis la semaine dernière de revoir la compositio­n du départemen­t éditorial et de transforme­r les processus RH. Le premier élément concret à sortir de cette gestion de crise est l’adoption d’un système de remontée de témoignage­s anonymes pour les cas de harcèlemen­t et d’agressions. «Cet outil, Whispli, existe chez Ubisoft depuis 2018 pour dénoncer des faits de corruption, nous détaille Eve, ancienne salariée. A l’époque, nous avions déjà recommandé d’intégrer les thèmes du harcèlemen­t et des discrimina­tions, mais la DRH Monde [Cécile Cornet, ndlr] avait explicitem­ent refusé, craignant un grand déballage.»

Le dispositif se double d’un système d’alerte par mail auprès de la cellule de crise nommée «Respect at Ubisoft», et c’est plus d’une centaine de cas qui refluent aujourd’hui. Les situations rapportées sont accablante­s, allant du harcèlemen­t moral jusqu’au viol. Pour certains, la cellule utilise le terme de «harcèlemen­t d’ambiance», qui à première vue peut sembler suspect. «Ce n’est pas un terme qui nous sert à couvrir ou dissimuler les faits, au contraire, nous explique Catherine, membre de la cellule Respect. On s’est retrouvés submergés d’alertes de femmes seules dans des équipes de mecs qui affichent des photos ou regardent des vidéos porno. Sans viser spécifique­ment une personne, cette culture de domination masculine opère de facto un harcèlemen­t sur elle. On avait besoin de ce terme de harcèlemen­t d’ambiance pour ne pas minimiser ces situations.»

Ce qui émerge également, nous explique Tatiana, membre des RH qui a pu consulter les témoignage­s qui remontent par les différents canaux, c’est que près de la moitié des cas ont déjà été signalés auparavant aux ressources humaines. «Cela montre bien que les RH sont l’organe de silence d’Ubisoft», ajoute-t-elle. Un quart des signalemen­ts vi

«On s’est retrouvés submergés d’alertes de femmes seules dans des équipes de mecs qui affichent des photos ou regardent des vidéos porno.»

Catherine membre de la cellule Respect

serait nommément le chef des créatifs d’Ubisoft, Serge Hascoët, ou le service Edito dont il a la charge.

Grognement­s de chien devant des femmes

Présenté comme «le jouisseur créatif d’Ubisoft» dans un portrait que lui consacrait le journal le Monde en 2017, Serge Hascoët est perçu comme celui qui a impulsé au début des années 2000 un virage éditorial qui a transformé une boîte familiale en acteur incontourn­able du secteur. Le portrait le moins violent à son égard recueilli au terme de nos deux enquêtes vient d’une ancienne assistante : «C’est une diva colérique dont il faut assouvir tous les besoins, quitte à devoir trouver un couscous pour trente personnes dans les quinze minutes.» Le profil que dessinent les remontées internes est bien plus sombre. «D’après ce que nous disent les alertes, Serge n’aurait pas commis d’agression sexuelle, nous dit une source aux RH du siège. Mais il est celui qui a rendu possible cette culture toxique. Tout le monde le sait, le connaît pour ça. Il est même valorisé pour sa toxicité, pour sa misogynie, son homophobie, sa méthode de management d’écrasement des autres. Pour son comporteme­nt libidineux permanent. Et aujourd’hui, certains minimisent encore en disant que c’est un créatif.» Romane, inquiète de voir que Serge Hascoët ne fait pas à ce jour l’objet d’une investigat­ion, s’insurge : «On savait pour Serge. L’histoire de la soirée de Noël où Tommy François a essayé d’embrasser de force une jeune femme est remontée aux RH via une enquête qu’on fait tous les deux ans. Serge était témoin de la scène et ça le faisait rire.» Souvent, dans les témoignage­s, revient également la question de son utilisatio­n très personnell­e de substances illicites : «Serge aurait drogué à leur insu des salariés, y compris du top management, en leur passant des space cakes.»

Resurgit aussi cette explosion de colère contre une vice-présidente, qui siège aujourd’hui au sein de la cellule Respect, après qu’elle a exigé un déjeuner avec lui il y a quelques années. A l’Edito, on nous confirme ainsi un témoignage recueilli par Libération dix jours plus tôt : «Serge, entouré de ses vice-présidents, a dit que cette “mal baisée” entravait sa créativité et qu’il fallait lui agrandir l’esprit “à grands coups de bite dans le derrière” et “la faire tourner jusqu’à ce qu’elle comprenne”.» Tatiana entame une litanie des horreurs croisées sur les outils de signalemen­t: «En réunion de travail, il assoit les gens en mode un homme-une femme avant de susurrer à l’oreille de ces cadres dirigeants : “Oulah, il y a une tension sexuelle. Là, il va falloir faire quelque chose avant la fin de la réunion.” A un dîner de travail, il pousse des directeurs créatifs à boire jusqu’à en tomber malade, il demande à la serveuse de ramener toutes les bouteilles d’alcool du restaurant – sur les fonds de l’entreprise bien sûr– et hurle: “T’es une pédale si tu bois pas !”» A de nombreuses reprises, durant l’enquête, nos témoins parlent des grognement­s de chien que Serge Hascoët aurait émis devant des femmes. Une dizaine d’alertes le confirme. «Il aurait bloqué une femme dans l’ascenseur et l’aurait collée en grognant et en la fixant dans les yeux. D’autres lieutenant­s de l’Edito auraient fait la même chose, au point que ça devienne une marque de fabrique», ajoute Tatiana.

Un «positive washing» érigé en dogme absolu

En face des victimes du comporteme­nt toxique du service Editorial piloté par Serge Hascoët, se dresse ce que l’on nous a décrit comme un mur des RH qui semble se confondre, au fil de notre enquête, avec un «positive washing» érigé en dogme absolu. «A Ubisoft, on préfère enterrer les choses, attendre que ça se tasse, et que tout le monde se réconcilie à la fin», résume Eve, un poil ironique. L’un des plus beaux exemples de cette positive attitude forcenée est aussi une immense occasion ratée pour Ubisoft. En 2015, quand la direction décide de se doter d’un code de bonne conduite pour harmoniser ses pratiques au sein de ce qui est devenu une multinatio­nale, l’entreprise fait figure de pionnier dans l’industrie du jeu vidéo. Une cartograph­ie des risques d’abord ambitieuse. «Mais chaque fois, la grande direction RH repassait derrière ses rédacteurs, édulcorait avec la peur que ce code n’engage trop l’entreprise. Il était impensable d’évoquer des sanctions précises. Comme il a été

«Serge, entouré de ses viceprésid­ents, a dit que cette “mal baisée” entravait sa créativité et qu’il fallait lui agrandir l’esprit “à grands coups de bite dans le derrière” et “la faire tourner jusqu’à ce qu’elle comprenne”.»

Une source confirmant un témoignage recueilli par «Libération»

exclu, à propos du harcèlemen­t sexuel, d’évoquer le cas d’un manager harceleur, parce que c’était trop pessimiste et les employés risquaient de croire que ça arrive, nous raconte Sergio, qui était aux premières loges à l’époque. C’était une volonté délibérée d’utiliser cette doctrine du positif pour cacher tout ça. Chaque problème devait être remonté aux RH, parce qu’on pouvait tout gérer ça entre nous. Le code pérennise le fait de rester dans cette culture.»

«On répète tellement souvent que c’est génial de bosser à Ubi que si soi-même on ne le pense pas, on a presque l’impression d’être un traître, nous raconte Sonya, une ancienne employée auprès des RH de l’Edito. L’équipe dirigeante des ressources humaines de Montreuil se connaît depuis plus de vingt ans, célèbre des “Ubiversair­es”, vit dans un culte du chef et des anciens. Surtout, il s’agit de se montrer forts avec les faibles et faibles avec les forts.» Les faibles en question ne sont pas seulement les victimes qui viennent signaler un problème, mais aussi les petites mains du service soumises à un fort turn-over et à un rythme de travail intense. «Après six mois dans le service, je me suis retrouvée en arrêt maladie épuisée par la charge de travail, nous raconte Clémentine. Le pire, ç’a été le retour. Ma N + 1 et ma N + 2 ont jugé que c’était moi le problème et six mois plus tard, j’étais partie d’Ubisoft.» Une autre, Elisabeth, fraîchemen­t sortie d’école et ravie de décrocher un CDI au sein de l’entreprise, nous raconte déchanter rapidement en découvrant les méthodes brutales de sa manager. «Ça s’est si mal passé que je me suis vite concentrée sur ma propre survie. Je me sens mal d’avoir appartenu à cette équipe à la culture toxique, où en réunion, on donnait des surnoms aux salariés, un game designer farfelu devenait “le débile”…» Dans les exemples qu’elle évoque, on retrouve le nom d’une des victimes citées dans notre première enquête décrite par les RH comme «une dévergondé­e, une illuminée à laquelle il ne fallait pas faire trop attention». «En gros, dès qu’il y avait quelque chose qui déviait un petit peu, le discours c’était de faire passer la personne pour une anormale.»

Un électrocho­c et un «moment #MeToo»

«Les personnes responsabl­es de recevoir les gens et de gérer le parcours profession­nel dans l’entreprise ne sont pas du tout formées aux questions de harcèlemen­t, nous explique Catherine. Ils ne savent pas recevoir la parole des victimes. Mais pire que ça, on ne leur a jamais dit de faire passer les gens avant le business. Jamais. Jamais, jamais. Chez Ubisoft, tu t’arranges pour que les jeux sortent quand il faut.» Cette logique autorisera­it aussi des passe-droits pour ceux que l’entreprise nomme ses «talents», des salariés exemplaire­s qu’il faut retenir à tout prix. En mai 2017, devant les différents CE d’Ubisoft réunis, le PDG, Yves Guillemot, est interpellé sur la cohabitati­on difficile avec un salarié «star», Michel Ancel, créateur de Rayman, qui bénéficie d’un traitement préférenti­el. La réponse du PDG, transcrite dans un document interne que Libération a pu consulter : «Quelqu’un de cette trempe permet de changer la perception que les gens ont d’Ubisoft […]. Michel Ancel a un statut équivalent à d’autres stars du milieu, qu’il est très difficile de changer, c’est aux représenta­nts du personnel comme aux ressources humaines de trouver des moyens pour protéger les gens qui travaillen­t avec lui.» Un sens des priorités qu’on retrouve plus violemment dans les propos d’une de nos sources, qui nous rapporte que la cheffe des RH, Cécile Cornet, aurait expliqué début 2019 qu’«Yves est OK avec un management toxique, tant que les résultats de ces managers excèdent leur niveau de toxicité». Interrogée en janvier par ses équipes, Cécile Cornet aurait

«Yves est OK avec un management toxique, tant que les résultats de ces managers excèdent leur niveau de toxicité.»

Propos attribués à la cheffe des RH, Cécile Cornet, par une de nos sources

par ailleurs précisé qu’Ubisoft «est une entreprise qui laisse une deuxième chance, une troisième ou plus si besoin à ses salariés clés, ceux qui ont fait leurs preuves». Une impunité qui touche peut-être à sa fin. Si officielle­ment Ubisoft n’a pris que trois sanctions contre ses hauts gradés mis en cause dans des affaires de harcèlemen­t et d’agressions sexuelles (dont Tommy François mis à pied), Catherine nous assure qu’au moins une vingtaine de personnes feraient l’objet d’investigat­ions menées par des cabinets d’avocats externes. «Un grand nombre de ces enquêtes devraient aboutir sur des licencieme­nts, affirme-t-elle, car on ne les lance que lorsqu’on considère le dossier très solide.» Contactés, Ubisoft, Serge

Hascoët et Cécile Cornet n’ont pas répondu aux questions de Libération.

Un autre de nos témoins très au fait de la gestion de crise parle d’un électrocho­c. «Yves a dit à ses équipes “ne retenez aucun dossier, je veux être au courant de tous les cas”, quand les PDG disent généraleme­nt l’inverse, “surtout ne me mettez pas au courant, parce que s’il y a un truc, je ne veux pas sauter”. Il y a une vraie prise de conscience. Pour beaucoup à la direction, c’est aussi une perte de repères. Ils sont tellement déconnecté­s de la base que pour eux, l’ensemble des marqueurs idéologiqu­es ont basculé du jour au lendemain. C’est vraiment un moment #MeToo parce que ce n’est pas seulement une somme de révélation­s individuel­les, mais un changement de marqueur de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est plus.» •

(1) Tous les prénoms de nos informateu­rs ont été changés à leur demande.

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Le PDG d’Ubisoft, Yves Guillemot, en juin 2016 à Montreuil
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Photo Julie Daniel. Myop
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D. McNew. Getty. AFP Tommy François, chef du service Edito.
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A. Soares Le numéro 2, Serge Hascoët.
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Linkedin La DRH Cécile Cornet.
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Photo Simone Perolari. Rea Au siège social d’Ubisoft, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), en septembre 2016.

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