Libération

Meurtre de Victorine Dartois : un suspect au passé violent

- François Carrel Envoyé spécial à Villefonta­ine (Isère)

Le suspect du meurtre de Victorine Dartois, 18 ans, retrouvée morte le 28 septembre dans un ruisseau de Villefonta­ine (Isère), a passé sa première nuit en prison. Arrêté mardi dans une station-service d’une commune voisine, Ludovic B., 25 ans, a avoué en garde à vue avoir tué la jeune femme, le 26 septembre au soir. Il a été mis en examen pour «enlèvement, séquestrat­ion et meurtre précédé d’une tentative de viol».

C’est sur un sentier situé près du stade que Victorine Dartois, qui rentrait chez elle à pied depuis le centre-ville, a croisé Ludovic B., le 26 septembre vers 19 heures. Selon le récit qu’il a fait aux enquêteurs, l’homme faisait «un jogging». «Il a expliqué qu’il y avait eu une bousculade involontai­re, suivie d’une violente dispute, qu’il avait saisi le cou de la jeune femme et serré très fort», précise le procureur adjoint. «Il a ensuite dissimulé le corps dans un ruisseau voisin, ce qui correspond à l’autopsie de la jeune femme, qui a révélé une mort par noyade et étrangleme­nt», ajoute le magistrat. Il n’y a pas eu de témoin du meurtre et Ludovic B. a tenté d’en supprimer les traces: une fois le corps dissimulé, a-t-il expliqué, il est rentré chez lui, à dix minutes de marche, a pris une douche, mis ses vêtements dans un sac, qu’il est ensuite allé jeter dans un conteneur d’une commune voisine. Un sac retrouvé par les enquêteurs, selon le Dauphiné libéré. Seulement voilà: lorsque Victorine a été retrouvée, ajoute le procureur adjoint, «son pantalon était retiré ; il a été retrouvé près du corps. Le prévenu conteste tout mobile sexuel, mais ce déni ne satisfait pas le parquet». L’enquête est «loin d’être terminée», les juges d’instructio­n attendent encore le résultat de plusieurs expertises et vont demander «des investigat­ions supplément­aires». Kelly Monteiro, l’avocate de la famille Dartois, s’en félicite: «La famille, si elle est soulagée et peut enfin entrer en phase de deuil, reste en état de sidération. Elle se pose beaucoup de questions : Ludovic B. n’a pas tout dit.» Ludovic B. a un passé de délinquant: il a derrière lui «une dizaine de condamnati­ons pour des délits de droit commun, dont des peines de prison qui ont été aménagées», précise le parquet de Grenoble. Selon le Dauphiné libéré, il s’agit de «vols, outrages, faits de violence et consommati­ons de stupéfiant­s», commis notamment à l’adolescenc­e. La thèse du gars à l’existence paisible, évoquée par des proches, est sérieuseme­nt discrédité­e lorsqu’on se rapproche au plus près du domicile de Ludovic B. Une ex-voisine livre un témoignage accablant. Elle s’exprime posément, avec des mots choisis : «Il était violent, il me faisait peur. Nous avons quitté le quartier en grande partie à cause de lui, quelques mois après qu’il s’est installé dans l’appartemen­t en dessous du nôtre. A l’époque, il travaillai­t de nuit, alors le jour il ne supportait pas d’entendre notre enfant. Il tapait le plafond avec un balai, hurlait, nous insultait. Il en est venu aux mains avec mon conjoint à cause de ça.» Elle poursuit : «On l’entendait battre sa femme, très souvent. J’en tremble encore : les cris, ça ne s’oublie pas. Nous avions appelé les flics…» Après un silence, elle secoue la tête : «C’était il y a cinq ans, il a peut-être changé depuis, je n’en sais rien… Mais je ne suis qu’à moitié étonnée qu’il ait pu faire ça. Il doit être puni.»

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