SEPA : comment Alten y a trouvé son ROI !
Comment Alten y a trouvé son ROI !
Alten a essuyé les plâtres en lançant dès 2008 son projet SEPA. Après l’adoption de SWIFTNet, de BIC IBAN, du format XML, et l’adaptation de l’ERP Sage, la création d’une centrale de paiement cimente le ROI de l’opération.
Nous sommes en 2008, et se profilent à l’horizon deux événements majeurs pour Lionel Garnier-Denis, trésorier groupe chez Alten, le spécialiste européen de l’ingénierie et du conseil en technologies : la fin d’Etebac, le protocole d’échange de fichiers entre les entreprises et les banques ; et l’arrivée du SEPA (Single Euro Payments Area), l’espace unique des paiements en euro et des moyens de paiement paneuropéens. C’est donc en avance de phase qu’Alten s’est lancée dans l’adoption du SEPA, en mode projet, et avec trois étapes à son agenda : la mise à jour des bases de données des coordonnées bancaires du groupe – transformer le RIB en BIC IBAN, nouvelle norme internationale de codification d’une banque ou d’une entreprise (BIC) et d’un compte bancaire (IBAN) sous la norme ISO 13616 – ; la mise en place de SWIFTNet ; et la résolution des problématiques de formats avec les banques par la recherche d’un format unique et respecté, XML ISO 20022, pour échanger les fichiers de paiement.
Un projet complexe
Lorsque Alten se lance dans le projet, en 2009, peu de personnes sont capables de répondre à ses attentes. Il sera difficile, tant au niveau technique qu’au niveau de la compréhension avec les banques. Lionel Garnier- Denis fait d’ailleurs le constat d’une dissonance entre le discours des banques et la réalité du terrain. « Les banques affirment savoir tout faire, en réalité ce n’est pas aussi évident. Très peu de banques en France étaient capables de répondre à nos besoins, surtout au moment où le format XML ISO 20022 est devenu quasiment le format unique. » Concernant le tuyau, Alten écarte rapidement EBICS ( Electronic Banking Internet Communication Standard), le protocole de communication basé sur le réseau public IP jugé d’un usage trop local et plus orienté vers les PME. C’est la solution de communication bancaire multi- banque, multi- pays et multimétier SWIFTNet, standardisée, sécurisée et s’appuyant sur le réseau privé de SWIFT, particulièrement adapté pour l’international, qui est retenue. « La simplification du process nous a permis de nous connecter à toutes les banques en Europe. La solution est en revanche soumise à des contraintes informatiques, sur les serveurs de notre système d’information de l’entreprise comme celui des banques. » La transformation des informations de coordonnées bancaires en base de données BIC IBAN s’est révélée plus complexe. « C’est le travail qui a demandé le plus de temps, et qui n’est pas si simple. Il est assez rapide en France, mais moins évident dans le reste de l’Europe. Les salaires sont la plus grosse masse de traitement de flux débiteurs. Ils demandent une attention particulière, car nous avons affaire à des salariés, et non pas à des entreprises. » La création de cette base a nécessité un gros travail pédagogique pour pouvoir récupérer à minima les IBAN, et ensuite le BIC des 14 500 salariés. Et tous les codes BIC sont remis à jour annuellement dans le cadre de l’abonnement SWIFT. En s’attaquant à la problématique des formats avec les banques, Alten a fait le constat que la norme ISO n’était pas respectée par
les banques, chacune ayant travaillé le format MT 101 de description de fichier de SWIFT. « Nous nous sommes aperçus que cela allait être compliqué… et ça a été compliqué ! » Le groupe s’est donc lancé dans la négociation de l’extension de l’usage du format MT101 vers le XML, encadré par l’ISO 20022. « La trésorerie n’est pas gestionnaire des formats. Nous avons souhaité adopter le format XML ISO 20022 pour les équilibrages de trésorerie, pour les virements à l’international, pour payer les salariés et les fournisseurs. Mais de grandes banques françaises n’ont pas adopté le format XML pour les virements de trésorerie et les virements internationaux ! Il devrait pourtant être adopté en 2014…» Enfin, Alten a travaillé avec Sage, l’éditeur de son ERP, pour l’adapter au SEPA.
Du SEPA à la centrale de paiement
La ten directive d’aller vendre européenne le projet SEPA à sa a permis direction au financière. trésorier d’Al- Et il démultiplie touche de les nombreux difficultés. métiers La transformation dans l’entreprise, en BIC ce IBAN qui concerne la comptabilité, la paie, les achats, et toutes les procédures de paiement en euros, et devises, en France, en Europe et dans le monde. « Le projet nous a imposé de réfléchir au- delà de SEPA. D’abord pour chercher de l’argent, il a représenté un investissement de plus de 250 000 euros. Ensuite pour convaincre la DSI à passer sur un abonnement SWIFT, plus complexe, et de trouver un service bureau pour passer un contrat avec les banques. » Au final, le projet SEPA a permis de connecter toutes les filiales du groupe, en France et dans le monde. Également de mettre en place un système de centralisation de trésorerie, qui récupère en direct du reporting des banques avec lesquelles le groupe travaille. Et enfin de mettre en place la centrale de paiement, qui assure les règlements pour le compte des filiales. « La centrale de paiement, c’est ce qui nous a permis de décrocher le budget. » Française, puis européenne, la centrale de paiement intègre aujourd’hui à des pays qui ne sont pas dans la zone euro, comme la Suède, la Norvège et la Grande-Bretagne, et audelà de l’Europe, les États- Unis, l’Inde, le Brésil, en attaquant des modèles exotiques, voire complexes. Elle est facilitée par la présence du tuyau technique SWIFTNet. « Nous nous sommes servis de SEPA pour pouvoir connecter tout le monde, c’est là notre ROI. » Le SEPA a permis de diminuer le nombre de comptes et de rationaliser en centralisant les flux. « Il ne faut pas comparer avec l’existant qui a précédé, car il est franco français. Le ROI est plus global, par filiale, par banque et par pays. La centrale de paiement, c’est ce qui nous a permis de décrocher le budget, de tenir le coût et non pas de l’augmenter. Un des intérêts de démarrer tôt a été de pouvoir renégocier nos contrats télématiques et nos conditions bancaires. La négociation a été longue, mais participe au ROI. »