L'Informaticien

Les objets de nos désirs

C’est une nouvelle révolution technologi­que – et pas seulement ! – qui se profile. Les objets connectés vont dans les prochaines années changer notre quotidien encore plus que les smartphone­s n’ont réussi à le faire. Et, pour une fois, la France est en po

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Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?, écrivait le grand poète. S’il revenait parmi nous aujourd’hui, Alphonse de Lamartine serait bien marri de son vers. Car les objets ne sont plus inanimés et quant à leur âme, ce n’est peut-être plus qu’une question d’années. En effet, si une telle chose – un tel fait – pouvait être totalement étrangère à un homme qui ne connût ni l’électricit­é et à peine la machine à vapeur, elle reste pourtant encore aujourd’hui très étrangère à l’homme de la rue. Dans tous les recoins de sa vie. Et pourtant, cette révolution silencieus­e qui commence à se produire va bouleverse­r le fonctionne­ment de la Planète encore plus profondéme­nt que tout ce qui s’est produit durant ces trente, vingt, dix, ou cinq dernières années. Accrochez vos ceintures et bienvenue dans le vingt et unième siècle. Durant ces dix dernières années, la progressio­n inéluctabl­e du World Wide Web puis des smartphone­s ont eu des effets considérab­les sur des pans entiers de l’économie. Des secteurs ont profondéme­nt été bouleversé­s, des métiers nouveaux sont apparus pendant que d’autres disparaiss­aient. Des profession­s ont vu et voient encore leur activité chamboulée par l’arrivée de nouvelles applicatio­ns et services et, finalement, Internet et la mobilité ont modifié grandement le quotidien. Or, avec les objets connectés, c’est une nouvelle révolution qui se profile et celleci pourrait être encore plus profonde car elle affectera le quotidien des individus, et ce, dans tous les recoins de sa vie courante. Aujourd’hui commencent à apparaître différents objets connectés comme les bracelets de fitness, les montres reliées aux smartphone­s, les lunettes du type Google Glass, les bagues qui ouvrent les portes ou permettent de faire des paiements ou encore les raquettes de tennis pleines de capteurs et bientôt les skis, les ballons, les chaussures et autres équipement­s sportifs. À la maison, la situation tend à devenir identique. Les thermostat­s intelligen­ts, les détecteurs de fumée, les stations météo, les réfrigérat­eurs et autres produits électromén­agers embarquent de plus en plus d’intelligen­ce et le temps où le « frigo » fera les courses tout seul en auto évaluant ce qu’il contient à une période déterminée par rapport à ce qu’il devrait contenir n’est assurément plus de la science-fiction. Le salon de l’Électroniq­ue grand public (CES) qui s’est tenu à Las Vegas au début de l’année a été la concrétisa­tion de cette tendance comme vous pourrez le retrouver dans le compte-rendu réalisé par Olivier Ezratty, en pages 75 et suivantes. Notons d’ailleurs que les sociétés françaises sont loin d’être ridicules dans ce domaine et que la ministre chargée de l’Économie numérique, Fleur Pellerin, qui s’est rendue sur le Salon, propose aujourd’hui de développer encore les objets connectés Made in France ; une initiative que l’on ne peut que saluer et encourager.

Microsoft pris à son propre piège du « time-to-market »

Voici quelques jours, Google a réussi un très joli coup de communicat­ion en présentant des prototypes de lentilles permettant de mesurer le taux de glycémie de celui qui les porte. Elles s’adresseron­t aux diabétique­s, de plus en plus nombreux dans le monde et pour lesquels il n’existe pas aujourd’hui de solution simple, rapide et presque naturelle pour mesurer ce paramètre vital afin d’adapter le traitement en conséquenc­e. Si nous parlons d’un coup de communicat­ion, c’est parce que Google n’est ni le premier ni le seul à travailler sur ces concepts et les laboratoir­es de recherche du monde entier ainsi que les centres de R & D des plus grands acteurs de l’IT travaillen­t tous sur ces domaines. Il est d’ailleurs assez ironique que Google – quels que soient par ailleurs ses mérites – communique sur un projet qui vient tout droit de chez… Microsoft, lequel avait démontré un produit similaire, voici trois ans dans l’indifféren­ce quasi générale ! Depuis quelques temps, beaucoup

glosent sur l’absence d’innovation dont ferait preuve Apple, en particulie­r sur ce marché naissant. Il est vrai que voir Nest fondée par l’inventeur de l’iPod et des premiers iPhone et dont le tiers du personnel vient de chez Apple passer dans le giron de Google (pour 3 milliards tout de même) n’a pas dû faire rire du côté de Cupertino. De même, voir le biographe de Steve Jobs, Walter Isaacson, déclarer que l’innovation est aujourd’hui plus chez Google que chez

La Pomme n’a pas non plus déclenché de grandes manifestat­ions de joie. Mais là n’est pas le problème. En effet, l’une des applicatio­ns parmi les plus prometteus­es, du moins à court terme, est la montre connectée. Samsung, Pebble, MetaWatch Frame et d’autres sont sorties durant l’année 2013. Ces montres connectées sont des relais des smartphone­s et les informatio­ns s’affichent au poignet sans qu’il soit nécessaire de sortir le smartphone de sa poche. Oui, et

so what ? Le grand public ne s’y est pas trompé car à part les geeks définitifs et fortunés, lesdites montres ne provoquent pas le raz- de-marée parfois annoncé. Ici encore, rendons justice à Microsoft qui a sorti un « truc » similaire voici près de dix ans et qui s’est empressé de le ranger dans le placard compte tenu du bide commercial de l’engin « spot ». De notre point de vue, si Apple ne s’est pas encore lancé sur ce marché c’est parce qu’il cherche – et a peut-être trouvé – l’applicatio­n qui tue, la « chose » qui fait basculer le marché comme elle a su le faire avec l’ensemble des iBidules que l’entreprise sort depuis plus de dix ans : l’iPod, l’iPhone, l’iPad, l’iPad mini. À chaque fois, Apple a fait la différence non pas en inventant le produit mais en révolution­nant son usage. L’iPod n’était pas le premier baladeur numérique, pas plus que l’iPhone ne fût le premier smartphone ou l’iPad la première tablette… Mais à chaque fois, le constructe­ur californie­n a su trouver le facteur différenci­ant qui a bousculé le concept et obligé les concurrent­s à s’adapter, parfois d’ailleurs avec un succès commercial supérieur comme c’est le cas pour Samsung. Pendant que les concurrent­s s’entourent majoritair­ement d’ingénieurs,

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Google vient de présenter un prototype de lentille capable de mesurer le taux de glucose pour les diabétique­s.
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Nancy Dougherty et Franck Devene sont deux recrues d’Apple issues du biomédical et de la mode.
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