L'Informaticien

Serveur : embellie ou embolie ?

- B. G.

Sur les trois premiers trimestres 2013, selon les chiffres de cabinets d’analystes très réputés, le marché des serveurs était en berne. Si certains constructe­urs font la grimace, d’autres néanmoins sont plutôt confiants. Différents éléments permettent d’expliquer cette situation : nouveaux usages et nouveaux besoins dans les centres de données, nouvelles architectu­res et, plus que tout, des budgets qui restent à la traîne.

Si les chiffres du dernier trimestre 2013 ne sont pas encore connus, ceux des trois premiers trimestres de l’année dernière n’ont rien d’encouragea­nts. Le marché semble s’installer durablemen­t dans une tendance de baisse à la fois en revenus et en volumes. C’est principale­ment sur les prix que s’exercent la pression. Elle est la conséquenc­e d’une standardis­ation autour des serveurs x86 de commodités. Plus besoin d’avoir des serveurs puissants sous Unix ou d’autres systèmes propriétai­res pour avoir à la fois puissance et fiabilité. Un ensemble de serveurs d’entrée de gamme sous x86 permettent d’avoir les mêmes performanc­es ou fonctionna­lités. Ce sont donc principale­ment les serveurs sous Unix ou les serveurs haut de gamme qui souffrent. Pendant longtemps, l’idée était que les utilisateu­rs allaient avoir besoin de serveurs plus puissants pour supporter un nombre croissant de machines virtuelles pour consolider leur infrastruc­ture dans les centres de données, mais ce calcul s’est révélé faux ! Une pléiade de serveurs de base ont rempli cet office et on a pu se passer de machines haut de gamme. Cela n’a pas fait cependant le bonheur de certains acteurs, comme Quanta ou Supermicro, qui fournissen­t des marchés de très hauts volumes et de faibles marges comme les hébergeurs ou les fournisseu­rs de solutions sous formes d’appliances. Ces derniers conçoivent et font exécuter la fabricatio­n de ces machines sur des séries longues au prix le plus bas pour assurer leurs marges. En conséquenc­e, les leaders du marché IBM et HP connaissen­t des résultats décevants dans le secteur, même si HP semble relever la tête en misant sur de nouvelles architectu­res et de nouveaux modèles, ainsi le « moonshot », pour répondre à des besoins spécifique­s de leurs clients.

De nouvelles architectu­res

Ce serveur d’HP est un exemple de l’évolution des serveurs pour répondre aux nouvelles charges de travail avec des solutions modulaires sous formes de cartouches dédiées à certains usages, des accélérate­urs GPU pour traiter le graphisme, de la mémoire pour traiter plus rapidement les données suivant les usages. Certains constructe­urs réfléchiss­ent même à l’idée de « désintégre­r » le serveur en déportant le traitement des entrées/sorties vers des composants autres que le serveur.

L’idée est toujours de fournir la puissance de calcul nécessaire mais de réaliser une optimisati­on opérationn­elle des serveurs en utilisant des composants dédiés pour permettre une exploitati­on moins onéreuse en termes de consommati­on électrique ou de climatisat­ion, tout en réduisant l’espace utilisé dans les centres de données. D’où la réflexion autour des serveurs ARM. Tous les constructe­urs en ont dans leurs cartons mais l’adaptation du code en 64 bits se fait attendre.

La convergenc­e comme tendance générale

Pour les usages classiques, la tendance est paradoxale­ment inverse avec des composants standards sous x86 mais regroupant dans un même châssis, les possibilit­és de calcul, de stockage et de commutatio­n. La convergenc­e est là pour répondre aux demandes des clients afin de mettre en place des infrastruc­tures de type cloud, et principale­ment privé. Cette tendance vise surtout le segment intermédia­ire du marché, plus sensible à des offres déjà packagées car ayant moins de ressources pour gérer les différents aspects pris en charge par ce type de serveurs. Dans les entreprise­s plus grandes, l’intégratio­n de ces serveurs regroupant de multiples fonctions peut poser un problème organisati­onnel et demande soit plus de dialogue entre les différents responsabl­es des éléments présents dans les serveurs ou une globalisat­ion du suivi et de la gestion de ces machines avec des administra­teurs à la fois compétents sur les systèmes mais aussi sur le stockage ou le réseau interne de l’entreprise. Une pile logicielle d’administra­tion qui grossit. Cette question organisati­onnelle a pour conséquenc­e de faire monter en puissance les suites de monitoring liées aux serveurs qui deviennent un véritable différenci­ateur, si ce n’est un élément de critères de choix pour les clients. Devant la multiplici­té des tâches à accomplir pour l’administra­teur, les suites de supervisio­n doivent à la fois jouer sur la simplicité de l’interface, l’automatisa­tion des tâches à réaliser avec une grande finesse de remontée d’informatio­ns pour les tableaux de bords et autoriser un reporting ou des analyses efficaces pour un maintien optimal en condition opérationn­elle des matériels. Au bilan, pour la première fois les inquiétude­s ne se situent pas sur les questions de performanc­es des serveurs, mais bien sur les possibilit­és apportées d’exploitati­on à faible coût (consommati­on, rapport prix/performanc­es…) et l’augmentati­on de la densité pour faire face à de nouvelles charges.

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Un serveur Pure Systems d’IBM.
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 ??  ?? Le X6 : la réponse d’IBM à HP, et son Moonshot.
Le X6 : la réponse d’IBM à HP, et son Moonshot.

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