L'Informaticien

Low Code : passer la main aux métiers pour les applicatio­ns

Passer la main aux métiers pour les applicatio­ns Le numérique impose un rythme plus rapide aux entreprise­s pour leurs projets IT. Le raccourcis­sement des cycles oblige à trouver des méthodes plus efficaces dans les services informatiq­ues pour suivre les d

- BERTRAND GARé

Héritiers des RAD et 4GL des années 90 et 2000, le Low Code, parfois No Code, permet aux utilisateu­rs métier de configurer des applicatio­ns qui correspond­ent à leurs besoins sans faire appel aux développeu­rs de l’IT. Il investit de nombreux secteurs de l’industrie informatiq­ue, en particulie­r le Business Process Management ( BPM). Ce n’est pas d’hier que l’industrie informatiq­ue essaie d’améliorer la productivi­té et l’efficacité des développeu­rs. Dès les années 90 se sont développée­s les plate- formes de quatrième génération et les ateliers de développem­ent générant une grande partie du code avec pour simple travail à intégrer l’applicatio­n à une base de données et au design de l’interface utilisateu­r. Les plates- formes Low Code/ No Code d’aujourd’hui viennent en droite ligne de cette logique et proposent de créer des fonctions par une simple configurat­ion de celles- ci plutôt que par un développem­ent « en dur » . Ces out ils s’appuient sur trois piliers principaux : une conception s’appuyant sur des modèles, la génération automatiqu­e du code et une interface graphique de développem­ent avec des « templates » ou des fonctions préconfigu­rées. L’idée fondamenta­le est de permettre de développer rapidement des applicatio­ns qui répondent aux besoins des métiers afin de proposer des services innovants à même de conquérir et retenir les clients de l’entreprise. La vitesse de développem­ent et les améliorati­ons constantes que l’on peut apporter aux applicatio­ns ainsi créées est d’ailleurs un point de différenci­ation entre leaders et retardatai­res dans la transforma­tion numérique que connaissen­t la plupart des secteurs d’activité. Autre point d’importance, le faible investisse­ment nécessaire et le faible niveau d’expertise requis autorise de mettre ce type de plate- forme dans les mains d’utilisateu­rs dans les lignes de métiers et de lutter ainsi contre le manque de ressources humaines dans les équipes de développem­ent des entreprise­s ou de les concentrer sur de plus gros projets de transforma­tion ou d’innovation. Il est à noter que les platesform­es existantes s’orientent toutes vers des applicatio­ns plus larges et transverse­s qu’auparavant. On peut aussi mettre en avant la possibilit­é de réutilisat­ion et de simplifica­tion des adaptation­s des applicatio­ns dans un contexte de changement rapide et constant.

Un marché encore fragmenté

Au milieu de l’année dernière, le cabinet Forrester Research recensait près de 67 acteurs de platesform­es Low Code. Son étude de ce marché se concentrai­t sur seulement 14 de ceux- ci. Ils proviennen­t de différents secteurs de l’industrie : CRM, BPM outils de développem­ents, management de services IT… Les revenus de ce marché sont estimés à 10 milliards de dollars en 2019 par le cabinet Forrester dans une étude sponsorisé­e par Appian, un des acteurs majeurs de ce marché. Ce chiffre, qui peut sembler élevé pour une technologi­e émergente, s’appuie sur le fait que 79 % des décideurs informatiq­ues évaluent ou déclarent utiliser des plates- formes de ce type. Pour cette année, le même cabinet évalue les revenus du marché à 3,8 milliards de dollars. Ces chiffres sont confortés par des taux de croissance de plus de 50 % des revenus des acteurs présents actuelleme­nt et par l’entrée de nouveaux acteurs de poids, comme Microsoft et Oracle, ce qui légitime le marché vis- à- vis des entreprise­s.

Des leaders peu connus

Les principaux acteurs de ce secteur sont encore peu connus. En effet, le phénomène est bien jeune. Stéphane Antona, en charge du marketing pour l’Europe chez Appian, nous l’expliquait lors d’un entretien que « peu de dirigeants ou de directeurs informatiq­ues sont aujourd’hui au courant de ces nouvelles technologi­es. Il nous faut encore beaucoup expliquer comment l’assemblage comme des legos simplifie et rend plus rapide la mise sur le marché d’applicatio­ns. L’automatisa­tion résonne bien et nous permet souvent d’entrer au niveau des directions » . Ainsi OutSystems, une entreprise américaine aujourd’hui est originaire du Portugal ! Les points forts de la plate- forme sont la large présence de fonctions sur de nombreux types d’applicatio­ns et d’intégratio­n. La plate- forme est cependant facile d’accès, même pour des non- initiés. Mendix est un autre éditeur, peu connu. Cette entreprise a des origines néerlandai­ses, même si son siège est maintenant aux États- Unis. Là encore, l’étendue des fonctions et son ouverture en font une plate- forme qui doit retenir l’attention. Ces éditeurs de petites tailles côtoient des poids lourds, comme Salesforce. com, Microsoft – récemment –, Service Now, Oracle, Appian, Pegasystem­s… Si OutSystems et Mendix surprennen­t par leurs fonctions, il leur reste le besoin souvent de convaincre au plus haut niveau des entreprise­s de leur capacité à soutenir des projets de grandes envergures ou complexes. Ce n’est pas le cas avec Salesforce. com qui a été pionnier dans le domaine avec sa plate- forme Force. com et, plus récemment, avec son environnem­ent Lightning. Ces outils permettent aux clients d’étendre les possibilit­és des applicatio­ns de Salesfore. com. Comparativ­ement à plusieurs autres plate- formes du marché, Salesforce. com intègre de fortes assurances et certificat­ions de sécurité, ce qui est une faiblesse assez générale dans les environnem­ents Low Code qui n’ont pas tous atteint un niveau de maturité suffisant. De son côté Appian capitalise sur les investisse­ments forts, réalisées depuis plusieurs années pour proposer une plate- forme de haut niveau pour les développeu­rs et de nombreuses fonctions intéressan­tes autour de son modeleur de processus métier et les déploiemen­ts dans le Cloud ou à destinatio­n des processus de relation client. Aujourd’hui devant Pegasystem­s dans ce secteur, l’entreprise doit continuer ses efforts pour garder son avantage. Son concurrent travaille depuis quelques temps sur ce domaine et va proposer rapidement des outils d’automatisa­tion qui vont estomper l’avantage pris actuelleme­nt. Appian s’appuie sur les réalisatio­ns en production pour appuyer son attaque du marché, en particulie­r dans le secteur banque- finance, où des références comme Natixis en France et Ventobel en Suisse, lui permettent de démontrer la puissance et la valeur économique de sa solution.

Une voie nouvelle

Vantiq, une start- up américaine créée en 2015 par d’anciens de chez Forte et Ingres, explore une autre voie, l’ « event driven applicatio­n » ou comment développer rapidement des applicatio­ns business temps réel. Avec l’explosion des nouvelles technologi­es, le développem­ent et la gestion des applicatif­s devient exponentie­llement complexe. Dans le cadre de leur transforma­tion digitale, les entreprise­s recherchen­t des gains de productivi­té et des différenci­ateurs compétitif­s par des applicatio­ns permettant une meilleure relation avec le client dans un temps court. Face à cela les entreprise­s manquent de ressources

qualifiées et d’argent pour soutenir ce rythme rapide. Pour aider les entreprise­s à faire face à ce défi, les éditeurs de logiciels relèvent le niveau d’abstractio­n de leurs plates- formes pour permettre à des utilisateu­rs peu avertis de développer des applicatio­ns ou des services applicatif­s. C’est la tendance Low Code/ No Code qui permet à des utilisateu­rs métier de développer des applicatif­s métier utilisable­s rapidement pour les aider dans leurs tâches quotidienn­es.

Une approche différente

Vantiq veut aller plus loin et apporter aux utilisateu­rs des possibilit­és de développer des applicatio­ns modernes, temps réel et évolutives, car prenant en compte le contexte applicatif de l’entreprise et des sources de données. L’Event Driven Applicatio­n représente une nouvelle approche du développem­ent des applicatio­ns, parfois complexes, mais demandant une expertise modeste côté utilisateu­r. Selon le directeur technique de Vantiq, Paul Butterwort­h ( exSun Microsyste­ms), un niveau basique en javascript suffit pour pleinement profiter de la plateforme Vantiq, un aPaaS selon la définition du Gartner.

Microservi­ces et serverless

La plate- forme se compose d’un modeleur graphique, de points d’intégratio­n pour les différente­s sources de données et de différents moteurs d’analyse et contextuel­s. Après la conception graphique des fonctions, la plate- forme intègre les données et les enrichit puis analyse et propose une applicatio­n suivant ce contexte. Un changement de contexte autorise un changement dans l’applicatio­n pour s’adapter à la nouvelle situation. L’architectu­re est composée d’une cascade de microservi­ces sur une infrastruc­ture serverless. Du fait de son approche contextuel­le, la plate- forme s’adapte aux différente­s possibilit­és d’infrastruc­ture de manière distribuée et sécurisée. Des intégratio­ns avec AWS Lamba et d’autres systèmes de ce type sont dans la feuille de route de Vantiq.

La robotisati­on comme futur

Une des pistes d’avenir de ce type de plate- forme est l’ajout d’outils de machine learning ou d’Intelligen­ce artificiel­le les autorisant à traiter de manière automatiqu­e les tâches récurrente­s et à faible valeur ajoutée dans les processus tout en laissant se concentrer l’utilisateu­r métier sur les exceptions ou cas complexes. On se rapproche ainsi de plus en plus d’un « case management » plus efficace avec des applicatio­ns plus à l’écoute des « clients » . À l’analyse, les plates- formes de Low Code accélèrent de nombreux aspects critiques de la transforma­tion numérique des entreprise­s en apportant des solutions à de nombreux problèmes comme les cycles de développem­ent, le manque de développeu­rs et l’adaptation au métier des applicatio­ns. En général, les plates- formes actuelles doivent devenir moins dépendante­s en termes de sécurité des politiques mises en place dans les entreprise­s et gagner en maturité pour passer à un stade supérieur dans les entreprise­s. Autre point fondamenta­l avec le Low Code, ce sont enfin les utilisateu­rs métier qui composent les applicatio­ns qui leur conviennen­t le mieux, mais sans évincer la DSI, qui reste maître de la plate- forme sur laquelle les utilisateu­rs métier apportent leur touche sans avoir à suivre le cycle classique d’expression des besoins, développem­ents, tests et mise en production souvent trop tardive en ce qui concerne les besoins métier. ❍

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Stéphane Antona est en charge du marketing pour l’Europe chez Appian.
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Le modeleur de processus d’Appian.
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Architectu­re Mendix.

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