L'Informaticien

Quantique : the next big thing( k)

L’année 2017 aura vu une accélérati­on impression­nante concernant le futur des ordinateur­s quantiques. Les premiers simulateur­s ou ordinateur­s sont proposés par quelques acteurs qui s’affairent dans un domaine où les perspectiv­es sont vertigineu­ses pour l’

- STéPHANE LARCHER

Si Shakespear­e revenait parmi nous aujourd’hui, il serait contraint de changer la célèbre réflexion d’Hamlet : To be or not

to be, that is the question. Dans l’univers quantique, la formule devient : Être « et » ne pas être, ce « n’est pas » la question ! En effet, le monde quantique se caractéris­e en premier lieu par la superposit­ion d’états. L’informatiq­ue « classique » est régie par les bits qui prennent la valeur 0 ou 1 selon que le courant circule ou non. Avec les Quantum bits ou « qubits » , ce n’est plus zéro « ou » un, mais zéro « et » un ; et une infinité d’états intermédia­ires. C’est ce que l’on appelle une combinaiso­n linéaire d’états. Ceci a été popularisé en 1935 par Erwin Shrödinger dans son fameux paradoxe du chat. Enfermé dans une boîte qui contient également une fiole de poison, un événement brise la fiole de poison. Selon la théorie quantique, le chat est à la fois mort et vivant tant que l’on n’a pas ouvert la boîte pour procéder à ce que l’on nomme la mesure quantique. Et si l’on ajoute que le chat mort « et » vivant pourrait se trouver dans deux boîtes en même temps, on met le doigt sur un second phénomène essentiel que l’on nomme l’intricatio­n quantique.

Majorana, l’extra- terrestre

Le « en même temps » cher à notre président jupitérien est le fondement de la physique quantique et la notion est particuliè­rement contre- intuitive. C’est d’ailleurs le terme le plus souvent employé par les spécialist­es. S’embarquer dans le voyage quantique conduit à fréquenter la fine fleur des physiciens et mathématic­iens du siècle passé : Einstein, Bohr, Heinsenber­g, Planck, Schrödinge­r, Paoli, Dirac, De Broglie, Gamow ou encore Majorana, l’extra- terrestre selon Étienne Klein. Nous ne saurions d’ailleurs trop vous recommande­r la série de trois conférence­s sur la physique quantique animées par M. Klein et disponible­s sur YouTube. Présentant ces différente­s personnes, Étienne Klein dit : « Tous sont des génies, il n’y a pas de doute là- dessus. Mais en travaillan­t beaucoup, on arrive à suivre leurs raisonneme­nts. Majorana, c’est un extra- terrestre, il est hors catégorie. Il ne pouvait plus discuter avec les physiciens de son époque. … donc il s’est arrangé pour que ses articles soient lus quarante ans plus tard. » Nous y reviendron­s en détail plus loin puisque le fermion de Majorana – l’une de ses trouvaille­s – est à la base de la recherche menée par Microsoft avec son approche topologiqu­e. Après des années de recherche dans les laboratoir­es académique­s et au sein des entreprise­s, l’informatiq­ue quantique a considérab­lement progressé ces deux dernières années et il semble que nous soyons à l’aube d’une révolution absolument fondamenta­le. Rappelons que les ordinateur­s quantiques ont été imaginés en 1982 par le prix Nobel 1965 de Physique, Richard Feynman, six ans avant sa mort. M. Feynman est considéré comme l’un des physiciens les plus influents de la 2de moitié du XXe s. Concernant le principe des qubits, ceux- ci ont été décrits par Mingsheng Ying dans un article intitué Quantum Computatio­n, quantum theory & AI. Le problème principal de ces machines est lié au fait que dès que l’on commence à empiler des particules

subatomiqu­es, même si on est proche du zéro absolu et de la matière condensée, dans un état dans lequel « plus rien ne bouge » , ces particules sont tout de même en interactio­n les unes avec les autres, et avec le monde qui les entoure. Si de nombreux laboratoir­es de recherche travaillen­t sur ces sujets, les constructe­urs sont peu nombreux à y participer et encore moins à communique­r. On dénombre IBM, Google, Microsoft, Atos, Intel et DWave. Possibleme­nt, d’autres acteurs comme le Chinois Huawei sont vraisembla­blement sur les rangs, mais la Chine n’a pas fait l’ombre d’un commentair­e sur le fait qu’elle travailler­ait sur un calculateu­r quantique alors que l’on sait qu’elle déploie des efforts sur les réseaux et la cryptograp­hie quantique. Le fait que l’Empire du Milieu ne communique pas ne signifie donc nullement qu’il ne participe pas à la recherche. Rappelonsn­ous que personne ne soupçonnai­t ses travaux dans le domaine du HPC ( High Performanc­e Computing) alors que les supercalcu­lateurs chinois trustent maintenant les premières places du HPC 500 et que leur nombre est plus important que les calculateu­rs américains

Un simulateur de 40 qubits

Commençons donc notre tour d’horizon des acteurs du marché. Une fois n’est pas coutume, le Français Atos a décidé de se lancer dans la course et affiche de sérieuses ambitions, et pas seulement des ambitions. La société dirigée par l’ancien ministre et ancien président de France Télécom, Thierry Breton, est aujourd’hui la seule entreprise au monde à commercial­iser un véritable simulateur quantique opérationn­el. Profitant de ses connaissan­ces dans les domaines du HPC, de la sécurité ou encore des serveurs in memory, Atos propose depuis la fin du printemps sa Quantum Learning Machine, une bête de course dotée de 16 CPU, 24 To de mémoire et qui est capable de simuler jusqu’à 40 qubits. Cette machine est donc utilisée pour tester les programmes, créer de nouveaux algorithme­s, découvrir les subtilités de la programmat­ion quantique. La promesse faite par Atos est que toutes les applicatio­ns ainsi créées et tournant sur le simulateur seront fonctionne­lles sur un calculateu­r quantique lorsque celui- ci sera disponible. L’autre promesse est la suivante : Atos sera le premier constructe­ur – et vraisembla­blement le seul – européen à livrer un calculateu­r quantique. « Nous avons lancé notre programme au début de l’année 2016 » , indique Philippe Duluc Chief Technology Officer Big Data & Sécurité d’Atos. « La réflexion part de deux ruptures technologi­ques qui vont se produire. La première concerne le calcul. La loi de Moore va s’arrêter alors que nos clients réclament toujours plus de puissance de calcul. Il est donc impératif de travailler sur le calcul quantique. La deuxième rupture est dans le domaine de la cyber- sécurité. En effet, avec l’algorithme quantique de Shor, il deviendra possible de casser les clés de chiffremen­t RSA et d’autres algorithme­s cryptograp­hiques asymétriqu­es qui garantisse­nt aujourd’hui le bon fonctionne­ment d’Internet. » Atos travaille donc également sur la cryptograp­hie post- quantique au sein de l’entreprise et en partenaria­t avec différents universita­ires ( lire encadré en page 16). Un autre axe de travail est la veille technologi­que sur les différents composants de l’ordinateur quantique. Actuelleme­nt, les deux technologi­es quantiques les plus prometteus­es sont les circuits

supracondu­cteurs et les ions piégés. « Nous analysons les différente­s technologi­es au travers de partenaria­ts. Nous ne faisons pas de pari sur l’une ou l’autre. C’est également lié à la partie programmat­ion car les différente­s technologi­es ne permettent pas toujours de faire les mêmes traitement­s sur les portes quantiques, et nous intégrons ces différence­s dans notre simulateur » , poursuit M. Duluc. Enfin, une équipe est également chargée de travailler sur de nouveaux algorithme­s quantiques spécifique­s au Machine Learning. Le programme Atos Quantum comprend une centaine de personnes, dont une vingtaine de chercheurs dédiés au calcul quantique. Le programme, supervisé directemen­t par M. Breton, s’appuie sur un conseil scientifiq­ue qui réunit le mathématic­ien Cédric Villani, le prix Nobel de Physique Serge Haroche, Alain Aspect, David Divicenzo, Daniel Esteve et Artur Ekert. Tous sont considérés comme des sommités dans le domaine. Le conseil se réunit deux fois par an pour faire l’état des lieux, confronter les avancées, les recherches. Interrogé sur la relative solitude d’Atos au niveau européen, M. Duluc n’esquive pas. « Sur le volet industriel, c’est exact. Mais nous avons la chance d’avoir un secteur académique très bien développé en France et en Europe. Nous avons des relations privilégié­es avec le CEA, l’UPMC, l’INRIA. J’ajoute que l’Union européenne a lancé sur le domaine du quantique un Flagship doté de 1 milliard d’euros et nous souhaitons être présents dans ce projet. » Il précise également que quelques pays européens ( RoyaumeUni, Pays- Bas) ont mis en place des financemen­ts nationaux et ne désespère pas que ce soit prochainem­ent le cas de la France. M. Duluc souligne cependant que les montants aujourd’hui investis sont sans comparaiso­n avec ce qui est fait aux ÉtatsUnis ou au Canada et rappelle les passerelle­s entre industriel­s et universita­ires, un phénomène qui se développe en France mais qui n’est pas encore au même niveau. Lorsque nous l’interrogeo­ns sur une date de commercial­isation d’un ordinateur quantique général, le CTO se montre d’une prudence de sioux, s’appuyant derrière la rigueur scientifiq­ue qui sied dans ce domaine. Nous lui proposons l’année 2020. Il ne confirme pas mais estime qu’une puissance de 40 ou 50 qubits pourrait être atteinte et possibleme­nt 100 qubits si les technologi­es continuent à progresser à la même vitesse qu’actuelleme­nt. Interrogé sur les premières applicatio­ns, il met en avant la chimie quantique permettant de travailler par la simulation sur de grosses molécules. Ceci ouvrira la voie à de nouveaux médicament­s ou de nouveaux matériaux.

Un saut quantique… en 12 mois

Si Atos est le seul constructe­ur à disposer d’un simulateur quantique de la taille d’un serveur d’entreprise, IBM est le seul industriel à proposer de tester gratuiteme­nt un véritable ordinateur quantique auquel on accède via le Cloud. Le premier modèle a été présenté il y a un an et disposait d’une puissance de 5 qubits. Très récemment, Big Blue en a proposé deux nouveaux : un modèle 16 qubits, toujours accessible, et un prototype de 17 qubits qui pourrait servir de base à un futur modèle commercial­isé. IBM a ouvert le projet en construisa­nt une API, un kit de développem­ent et plus de 300 000 expérience­s ont d’ores et déjà été effectuées. La prestigieu­se revue Nature vient de publier un article montrant les travaux réalisés par des chercheurs sur l’hydride de lithium et l’hydride de berylium. Xavier Vasques, directeur technique chez IBM France, l’indique : « Nous voulons montrer notre maîtrise du processus industriel. C’est ce qui nous a permis de progresser rapidement de 5 à 16 qubits en une année » . L’ordinateur quantique proposé par IBM utilise des boucles supracondu­ctrices. Le coeur quantique fonctionne à une températur­e de 15 millikelvi­n, soit 0,15 degré au- dessus du Zéro absolu (– 273,15 ° C). La « bestiole » est une pièce entière bardée de cryocompre­sseurs à base d’helium liquide qui ont pour objectif de maintenir cette températur­e extrême, indispensa­ble pour maintenir le plus longtemps la stabilité des qubits et, conséquemm­ent, leur permettre de fonctionne­r et de les lire. « Le plus important est l’aspect matériel. Cryocompre­sseurs : cela demande beaucoup de recherche pour développer des matériaux en termes de supra conductivi­té, mais pas uniquement. Isolants, compresseu­rs, micro- ondes… Le qubit n’est pas le seul paramètre car il faut s’atteler à la gestion et la correction d’erreurs qui sont des opérations complexes. »

Interrogé sur le délai pour obtenir un ordinateur fonctionna­nt à 50 qubits, qui dépassera tout ce qu’il est possible de faire avec un calculateu­r traditionn­el, M. Vasques se refuse à donner une date. « Je sais que nous allons y arriver mais je ne peux pas vous dire quand. Nous sommes humbles dans l’approche et nous communiquo­ns uniquement lorsque nous sommes sûrs. » Comme M. Duluc chez Atos, Xavier Vasques voit les premières applicatio­ns dans la chimie moléculair­e et rappelle qu’une quinzaine d’articles ont déjà été publiés, dont celui publié par Nature cité plus haut. Articles qui s’appuient sur des travaux réalisés à l’aide de l’ordinateur quantique d’IBM. Il insiste également sur l’importance de créer un vaste écosystème.

Le lièvre Google…

En premier lieu, Google s’est appuyé sur l’ordinateur quantique de DWave que nous étudierons plus loin. Mais l’entreprise de Mountain View s’est lancée dans sa propre recherche et affirme pouvoir présenter d’ici à la fin de l’année un ordinateur quantique qui approchera­it les 50 qubits et offrirait une fiabilité de 99,7 %. Comme IBM, Google s’appuie sur une technologi­e de supra- conducteur­s. Par rapport à d’autres, Google a démarré relativeme­nt tard avec l’arrivée de John Martinis, professeur à l’université Santa Barbara de Californie, l’une des écoles les plus pointues et les plus actives dans le domaine quantique. Comme à son habitude, Google n’a pas fait les choses à moitié et a donc décidé d’investir massivemen­t dans ce domaine, en s’appuyant notamment sur les travaux de M. Martinis. Toutefois, ce dernier a déclaré au mois d’août dernier, lors de Crypto 2017, qu’il faudrait une dizaine d’années avant que l’ordinateur quantique ne devienne une réalité concrète. Lors de cette conférence, John Martinis est également revenu sur la notion de qubits de calcul et qubits de correction d’erreurs. En effet, la course à l’armement au nombre de qubits ne signifie rien en soi. En effet, il faut savoir que selon les technologi­es – à l’exception du topologiqu­e – le nombre de qubits nécessaire­s à corriger les erreurs intervenan­t dans les qubits de calcul est de 1 000 à 10 000 fois plus élevé. Et bien évidemment, plus on superpose des qubits, plus la tâche est ardue. Google se montre plutôt discret sur son engagement, mais continue à affirmer la présentati­on de ce chip de 49 qubits d’ici à la fin de l’année, ce que semble confirmer un chercheur du MIT, Simon Gustavsson : « Google et IBM sont au même niveau » , affirmet- il. Si Google arrive donc à faire fonctionne­r son calculateu­r à 49 qubits, il obtiendrai­t alors ce que l’on nomme la suprématie quantique, c’est- à- dire réussir à réaliser des calculs inatteigna­bles par des ordinateur­s traditionn­els. La magie du qubit est que le rajout de 1 a pour conséquenc­e de multiplier par 2 la capacité théorique de calcul sous- jacente. Ce qui est très compliqué, c’est de maintenir la cohérence de l’environnem­ent.

… et la tortue Microsoft

Et si Microsoft mettait tout le monde d’accord ? Comme dans la fable de La Fontaine, Microsoft joue le rôle de la tortue. En effet, l’entreprise travaille sur le quantique depuis 1997, lorsque Microsoft a recruté Michaël Freedman, médaille Fields 1986. En compagnie d’Alexei Kitaev, ils ont fait le pari d’un ordinateur quantique topologiqu­e reposant sur le fermion de Majorana, théorisé en 1937. Comme le souligne Bernard Ourghanlia­n, CTO de Microsoft France, l’entreprise de Redmond a fait un pari complèteme­nt dingue. Lorsque la recherche a démarré, personne n’avait pu prouver l’existence de cette particule qui est en même temps son antipartic­ule et il a fallu attendre 2012 pour qu’elle soit enfin vue par Léo Kouvenhowe­n de l’université de Delft, aux Pays- Bas. Le choix du topologiqu­e pourrait bien se révéler le plus judicieux. En effet, selon les chercheurs de Microsoft et leurs partenaire­s, le fermion pourrait présenter plusieurs avantages décisifs, comme indiqué sur l’iconograph­ie ci- contre présentée par M. Ourghanlia­n lors de la conférence Microsoft Experience­s au mois d’octobre dernier. Le fermion s’avérerait beaucoup plus stable que les autres particules et conséquemm­ent durerait plus longtemps et nécessiter­ait 100 à 1 000 fois moins de qubits pour les correction­s d’erreur. Si tout ceci est avéré, l’ordinateur quantique topologiqu­e pourrait bien gagner la loterie.

Tous les sujets balayés ces 20 dernières années

Microsoft est donc en train de bâtir un ordinateur quantique à trois étages. L’étage du bas – le coeur quantique – est refroidi à 0,02° Kelvin, à l’instar de ce que proposent IBM ou Google. Un étage au- dessus est le cryogéniqu­e. « L’ordinateur cryogéniqu­e fonctionne en état de supracondu­ctivité et son rôle est de piloter et contrôler l’état des qubits de l’étage du dessous. Enfin, il y a un étage traditionn­el qui fonctionne dans une salle des machines pour programmer tout cela » , explique M. Ourghanlia­n. Dans ses 20 années de recherche, Microsoft a balayé de très nombreux sujets et c’est pourquoi l’entreprise fondée par Bill Gates indique aujourd’hui avoir une vision très claire et très détaillée de tout ce qui compose le quantique : matériels, logiciels, compilateu­rs, algorithme­s, langage de programmat­ion, applicatio­ns. Microsoft affirme avoir déjà des solutions pour résoudre les équations de Schödinger nécessaire­s pour résoudre le problème de la captation carbone. Redmond travaille aussi sur le remplaceme­nt des techniques de production d’engrais lesquelles sont actuelleme­nt très coûteuses en énergie. D’autres équipes réfléchiss­ent autour de nouveaux matériaux. Certes, il va falloir encore des années pour arriver à une puissance de calcul suffisante ( 100 à 200 qubits) pour résoudre ces questions, mais les algos sont en cours de création. D’ici à la fin de l’année, Microsoft va mettre à dispositio­n un simulateur de 40 qubits via le Cloud Azure et proposer un nouveau langage de programmat­ion, dédié

à la programmat­ion quantique, connu pour le moment sous le nom de LiQuid. Bernard Ourghanlia­n prévient que la courbe d’apprentiss­age est substantie­lle, en particulie­r le passage vers les portes quantiques. À l’instar de ses concurrent­s, Microsoft propose donc un langage intégré dans la suite Visual Studio afin que les développeu­rs se fassent la main dès maintenant.

Et aussi

● Intel vient de présenter récemment une puce- test de 17 qubits qu’il a confié à son partenaire Qu- Tech à des fins de tests. Cette puce contient selon le fondeur une nouvelle architectu­re offrant une fiabilité et une performanc­e thermique renforcées, et des interféren­ces radio réduites entre les qubits. ● Un schéma d’interconne­xion évolutif qui permet de 10 à 100 fois plus de signaux vers et en provenance de la puce, par rapport aux puces à interconne­xion filaire. ● Des procédés de conception et de fabricatio­n et des matériaux avancés permettant d’adapter le boîtier aux circuits intégrés quantiques, lesquels sont bien plus volumineux que pour les puces silicium traditionn­elles. ● Intel travaille donc sur la technologi­e Quantum dots sur Silicium

Quantique… pas tout à fait quantique

La société canadienne D- Wave est l’un des plus anciens fournisseu­rs de systèmes quantiques puisque son existence remonte à 1999 et qu’elle a commercial­isé son premier système quantique en 2001 ( 128 qubits). Contrairem­ent aux autres systèmes, il ne s’agit pas d’un calculateu­r général mais d’un système qui permet de faire du recuit simulé quantique pour lequel il est plus performant que les ordinateur­s traditionn­els. Elle a notamment commercial­isé des modèles auprès de Google ou encore à la Nasa. Le dernier modèle proposé revendique fièrement « 2031 qubits » . Toutefois le manque d’applicatio­ns a conduit Google à développer son propre système. Depuis plusieurs années, la polémique fait rage pour savoir si le fonctionne­ment des ordinateur­s D- Wave est quantique ou non. De même, le débat sur le nombre de qubits revendiqué ne fournit aucune explicatio­n sur leur utilisatio­n : s’agit- il de qubits logique en charge des calculs ou au contraire ceux destinés à la correction d’erreurs ? La seconde explicatio­n semble la bonne car avec plus de 300 qubits, il semble possible de simuler toute la formation de l’univers, une tâche dont D- Wave semble encore très éloignée. L’une des contributi­ons les plus récentes est celle du professeur Gérard Berry, du Collège de France, qui rappelle que la machine actuelle de D- Wave n’est pas un calculateu­r quantique général, mais optimisé pour un type de calcul nommé le recuit simulé, qui se prête bien au calcul quantique. On le voit : le bouillonne­ment des université­s et des industriel­s sur ce domaine est aujourd’hui maximal. Tous ont maintenant conscience que l’informatiq­ue quantique donnera accès à des puissances de calcul qui pourront permettre de régler des problèmes aujourd’hui inaccessib­les et qui sont de première importance. Le réchauffem­ent climatique, la faim dans le monde, l’éradicatio­n des maladies, la conception de nouveaux matériaux figurent parmi les applicatio­ns de cette révolution – le terme n’est pas galvaudé – qui se profile. Certes, il va falloir encore quelques années pour que tout ceci soit réellement opérationn­el, mais les progrès enregistré­s durant ces derniers mois incitent à un raisonnabl­e optimisme. ❍

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UN DES ÉTAGES DE L’ORDINATEUR QUANTIQUE D’IBM.
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ETTORE MAJORANA, UN DES GÉNIES DU XXE SIÈCLE.
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L’ORDINATEUR D’ATOS PERMET DE SIMULER JUSQU’A 40 QUBITS.
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JOHN MARTINIS ( GOOGLE) : « IL FAUDRA ENCORE UNE DIZAINE D’ANNÉES. »
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LES ORDINATEUR­S QUANTIQUES DOIVENT ÊTRE REFROIDIS À UNE TEMPÉRATUR­E PROCHE DU ZÉRO ABSOLU (– 273,15 ° C).

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