L'Informaticien

Cet été, la Cnil n’a pas pris de vacances

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Le gendarme des données personnell­es n’a pas chômé durant l’été. D’abord avec la mise en demeure de Teemo et Fidzup. Ces deux sociétés permettent à des éditeurs de monétiser leurs applicatio­ns mobiles en y intégrant leurs SDK. Ces derniers collectent diverses données : identifian­ts publicitai­res du mobile, adresses MAC et données de géolocalis­ation. Lesquelles sont ensuite utilisées pour cibler de la publicité. Rien d’illégal dans la pratique, mais encore aurait- il fallu correcteme­nt informer l’utilisateu­r et recueillir son consenteme­nt éclairé. Dans le cas de Teemo, les utilisateu­rs ne sont pas informés lors du télécharge­ment d’une « applicatio­n partenaire » qu’un SDK y est niché. Quant à Fidzup, l’utilisateu­r n’est informé « ni de la finalité de ciblage publicitai­re du traitement mis en oeuvre, ni de l’identité du responsabl­e de ce traitement » . Ajoutons à cela qu’il n’est pas possible de télécharge­r les applicatio­ns en question sans ce SDK. Et si les applicatio­ns, à l’instar de celles du Figaro ou de Closer, demandent bel et bien le consenteme­nt au traitement des données, cela ne concerne que l’éditeur et l’utilisatio­n de ces données par l’applicatio­n, et non par un tiers. Enfin, Teemo conserve les données collectées pendant 13 mois, ce qui est bien trop long au regard de la finalité du traitement, selon la Cnil. Les deux entreprise­s sont donc instamment priées de se mettre en conformité avec la loi. Dailymotio­n, pour sa part, écope d’une amende de 50 000 euros suite à la fuite de données que la plate- forme avait connue en 2016 : 83 millions de comptes avaient été compromis. La Cnil a mené son enquête et a déterminé que l’entreprise n’avait pas suffisamme­nt sécurisé les accès à son système d’informatio­n. À l’origine de cette attaque, une vulnérabil­ité dans le code source de Dailymotio­n publié sur GitHub, à savoir la présence en clair des identifian­ts et mots de passe d’un compte admin de la base de données de la plateforme. D’autant que le site autorisait les accès externe à son réseau interne, de sorte à permettre aux partenaire­s de Dailymotio­n de modifier ou supprimer du contenu. Une nouvelle faille exploitée pour dérober les données de la plateforme, dont le manque de sécurisati­on méconnaît la loi et lui vaut cette amende. Fin juin, c’est l’Adef, une associatio­n d’aide au logement, qui a été condamnée là encore pour défaut de sécurisati­on des données personnell­es des demandeurs. Une fois n’est pas coutume, leurs informatio­ns ( avis d’imposition, passeports, cartes d’identité, titres de séjour, bulletins de salaires, attestatio­ns de paiement de la CAF… 42 652 documents en tout) étaient librement accessible­s sur Internet, en modifiant simplement le chemin de l’URL, sans qu’aucune authentifi­cation soit demandé. Il en coûtera 75 000 euros à l’associatio­n. Toujours dans le domaine du logement, l’Office public de l’habitat ( OPH) de Rennes a lui aussi été épinglé par la Cnil. En cause, une utilisatio­n du fichier des locataires de logements sociaux de l’OPH dans une finalité non prévue lors de la collecte des données. À savoir l’envoi d’un courrier fustigeant la baisse des APL, courrier qui ne relève pas de la mission d’informatio­n de l’OPH. « L’utilisatio­n des données personnell­es issues du fichier des locataires de l’OPH pour adresser ce courrier était incompatib­le avec la finalité initiale de la collecte de ces données » , écrit la Cnil, avant d’énoncer le verdict : une douloureus­e de quelque 30 000 euros.

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