En apéritif
Les petits théâtres, qui ne roulent pas sur l’or, ont lancé avec bonheur la mode des courts spectacles d’avant-dîner : durée limitée à soixante à quatrevingts minutes, un ou deux acteurs et naturellement un semblant de décor. Mais l’occasion est offerte de découvrir ou de retrouver des textes à savourer.
Le Théâtre de Poche, à Montparnasse, donne régulièrement de ces spectacles minimalistes et souvent jubilatoires. En ce printemps, il affiche une pièce de Jean-François Prévand, Voltaire/Rousseau, rencontre évidemment orageuse entre les deux philosophes. Avec deux acteurs réjouissants, Jean-Paul Farré et Jean-Luc Moreau qui se délectent des répli - ques inspirées des oeuvres de leurs héros.
Le dimanche, sur cette même petite scène, la relève est assurée par cet admirable interprète, Michael Lonsdale, qui, avec Pierre Fesquet, avait tenu à rendre hommage à Charles Péguy pour le 100e anniversaire de sa mort. Sur des airs d’accordéon, il reconstitue la pensée du poète orléanais en puisant dans son oeuvre et ses lettres d’avant le départ au front.
Il n’y a pas si longtemps, la Comédie-Française faisait grande consommation de ces « levers de rideau ». Ainsi, elle mariait Courteline et Jules Renard aux tragédies de Corneille et de Racine. Aujourd’hui, elle dispose d’un petit mais ravissant théâtre pour ces spectacles apéritifs. Elle y donne, jusqu’au 7 mai, un proverbe de Musset dont les sociétaires de l’illustre maison se délectaient : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, rencontre de banale mondanité entre une marquise et un comte qui pensaient papoter en évitant l’amour. Puis Musset est passé par là et la porte s’est refermée. La Comédie-Française a le chic pour trouver de jeunes et jolies comédiennes qui brillent de tous leurs feux dans ces marivaudages raffinés. Ici, on découvre ébloui Jennifer Decker qui émerveille les spectateurs comme elle fait de son comte joué par l’excellent Christian Gonon. Une heure qui passe bien trop vite.
Voltaire/Rousseau de Jean-François Prévand, mise en scène de Jean-Luc Moreau et Jean-François Prévand, Théâtre de PocheMontparnasse, 75, bd du Montparnasse, Paris 6e, du mardi au samedi à 19 heures, jusqu’au 1er juillet.
Péguy-Lonsdale entre ciel et terre, mise en scène de Pierre Fesquet, Théâtre de Poche-Montparnasse, le dimanche à 17 h 30, le lundi à 19 heures, jusqu’au 19 juin. Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée d’Alfred de Musset, mise en scène de Laurent Delvert, Comédie-Française, Studio, Galerie du Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, Paris 1er, du mardi au samedi à 18 h 30, jusqu’au 7 mai.