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En apéritif

- Par Philippe Alexandre Jean-Luc Moreau jouant Rousseau et Jean-Paul Farré, Voltaire.

Les petits théâtres, qui ne roulent pas sur l’or, ont lancé avec bonheur la mode des courts spectacles d’avant-dîner : durée limitée à soixante à quatreving­ts minutes, un ou deux acteurs et naturellem­ent un semblant de décor. Mais l’occasion est offerte de découvrir ou de retrouver des textes à savourer.

Le Théâtre de Poche, à Montparnas­se, donne régulièrem­ent de ces spectacles minimalist­es et souvent jubilatoir­es. En ce printemps, il affiche une pièce de Jean-François Prévand, Voltaire/Rousseau, rencontre évidemment orageuse entre les deux philosophe­s. Avec deux acteurs réjouissan­ts, Jean-Paul Farré et Jean-Luc Moreau qui se délectent des répli - ques inspirées des oeuvres de leurs héros.

Le dimanche, sur cette même petite scène, la relève est assurée par cet admirable interprète, Michael Lonsdale, qui, avec Pierre Fesquet, avait tenu à rendre hommage à Charles Péguy pour le 100e anniversai­re de sa mort. Sur des airs d’accordéon, il reconstitu­e la pensée du poète orléanais en puisant dans son oeuvre et ses lettres d’avant le départ au front.

Il n’y a pas si longtemps, la Comédie-Française faisait grande consommati­on de ces « levers de rideau ». Ainsi, elle mariait Courteline et Jules Renard aux tragédies de Corneille et de Racine. Aujourd’hui, elle dispose d’un petit mais ravissant théâtre pour ces spectacles apéritifs. Elle y donne, jusqu’au 7 mai, un proverbe de Musset dont les sociétaire­s de l’illustre maison se délectaien­t : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, rencontre de banale mondanité entre une marquise et un comte qui pensaient papoter en évitant l’amour. Puis Musset est passé par là et la porte s’est refermée. La Comédie-Française a le chic pour trouver de jeunes et jolies comédienne­s qui brillent de tous leurs feux dans ces marivaudag­es raffinés. Ici, on découvre ébloui Jennifer Decker qui émerveille les spectateur­s comme elle fait de son comte joué par l’excellent Christian Gonon. Une heure qui passe bien trop vite.

Voltaire/Rousseau de Jean-François Prévand, mise en scène de Jean-Luc Moreau et Jean-François Prévand, Théâtre de PocheMontp­arnasse, 75, bd du Montparnas­se, Paris 6e, du mardi au samedi à 19 heures, jusqu’au 1er juillet.

Péguy-Lonsdale entre ciel et terre, mise en scène de Pierre Fesquet, Théâtre de Poche-Montparnas­se, le dimanche à 17 h 30, le lundi à 19 heures, jusqu’au 19 juin. Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée d’Alfred de Musset, mise en scène de Laurent Delvert, Comédie-Française, Studio, Galerie du Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, Paris 1er, du mardi au samedi à 18 h 30, jusqu’au 7 mai.

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