Sur les chemins noirs par Sylvain Tesson. Lu par Grégori Baquet, Gallimard, 1 CD MP3

Ecrivain, journaliste et grand voyageur. » Ainsi présente-t-on Sylvain Tesson. Ainsi se présente-il peut-être lui-même. Il faut bien, pour complaire à la société, accepter de se définir. L’auteur a effectivement fait le tour du monde à vélo, traversé l’Himalaya, parcouru l’Asie centrale, écrit des nouvelles, collaboré à différentes revues – dont Lire –, signé de nombreux reportages pour Le Figaro Magazine, réalisé plusieurs documentaires pour France 5. En 2010, il s’est retiré pendant six mois dans une cabane sur les bords du lac Baïkal ( Dans les forêts de Sibérie, prix Médicis essai 2011). Nous avions chroniqué en 2014 un bel ensemble de nouvelles réunies sous le titre S’abandonner à vivre dont il était luimême le lecteur. Cette fois c’est Grégori Baquet qui le lit. Nous voici pris à nouveau au piège. L’auteur ne fait pourtant que traverser la France. Et il la traverse en diagonale depuis le massif du Mercantour jusqu’au Cotentin. Avant de nous asseoir devant notre ordinateur, écoutant la sonate pour piano no 31 de Haydn par Ivo Pogorelich, nous nous disions : ce sont là deux univers différents bien sûr, mais c’est au fond le même éloignement du monde. Tout écrivain véritable, fût-il le plus réaliste, prend ses distances avec un monde qui, à force d’être commun, a tout du néant. Ce journal de voyage, organisé, repris, structuré, travaillé, redonne sens et force à nos vies. Sylvain Tesson avait fait le serment de cette traversée du pays à pied après une chute de huit mètres qui l’avait laissé entre la vie et la mort. Ainsi, quoique métaphoriquement, commence la véritable histoire des hommes. Jérôme Serri