Plus forte la vie
Trois femmes qui, face à leur destin, vont devoir mener, chacune, un combat personnel.
Elles vivent sur trois continents distincts, sont originaires de trois classes sociales différentes et ne parlent pas la même langue. Tout les oppose, et pourtant leurs destins vont se croiser et se lier pour toujours. Dans ce premier roman très réussi et dont les droits ont déjà été vendus dans plusieurs pays, l’actrice et réalisatrice Laetitia Colombani s’empare corps et âme des histoires de trois femmes puissantes, aux prises avec la maladie, l’exclusion, la déroute financière. Trois femmes qui, par-delà les frontières, ont en commun leur pugnacité et leur désir de liberté.
Il y a d’abord Smita, en Inde. Mariée à un chasseur de rats, cette jeune mère fait partie de la caste des intouchables, groupe considéré comme impur et placé en bas du bas de l’échelle sociale. Son métier est de la pire espèce : dans un pays où de nombreux habitants font leurs besoins en plein air, elle passe ses journées à vider les fosses septiques ainsi qu’à nettoyer les excréments des caniveaux à mains nues. Si rien ne change, sa fille de 8 ans est condamnée au même sort sordide. Pour la sauver, Smita décide de prendre la route avec son enfant. Sans un centime en poche, mère et fille vont traverser l’Inde dans l’espoir de trouver un horizon meilleur.
A des milliers de kilomètres de là, il y a Julia, la Sicilienne passionnée de littérature. Son père, gravement malade, est propriétaire du dernier atelier de traitement de cheveux de Palerme. Employée dans l’usine en qualité d’ouvrière, elle passe son temps libre entre la bibliothèque et l’hôpital. Un quotidien paisible qui bascule quand Julia comprend que l’entreprise familiale est au bord de la faillite. Parviendra-t-elle à l’en extirper?
Dernière figure de ce triptyque : l’hyperactive Sarah, brillante avocate dans un cabinet de Montréal. Deux fois divorcée, la quarantenaire mène de front carrière ultra-exigeante et vie de famille, jusqu’au jour où elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Rudement traitée par ses collègues et sa hiérarchie, Sarah aura à affronter bien des obstacles. Pour s’en sortir, elle devra apprendre à se remettre en question.
Cousant ces trois récits avec des fils parfois un peu trop blancs, Laetitia Colombani brosse des portraits forts et émouvants. Avec justesse et sobriété, elle va chercher dans l’intime et dans l’ordinaire la matière d’une sororité symbolique et universelle, par-delà les âges et les frontières. La métaphore capillaire est certes un peu convenue, mais qu’importe? Difficile de ne pas être touché par ce très joli récit. Estelle Lenartowicz