Accompagnants autorisés
Une série de témoignages livrée après une immersion au sein d’un centre hospitalier.
Les lieux communs « s’effondrent vite face à la maladie. Face à l’agonie. » Et il appartient à l’écrivain de consigner la vérité. En 2015, l’Argentin Eduardo Berti a ainsi passé plusieurs semaines au C.H.U. de Rouen, recueillant les anecdotes du personnel du service de soins palliatifs – une unité en général hostile à l’euthanasie. De cette expérience, il a tiré Une présence idéale, série de cinquante-cinq témoignages, d’un format oscillant entre quelques lignes et une petite dizaine de pages. Ce sont essentiellement des femmes qui s’expriment ici – lorsqu’un homme traîne dans les couloirs, on l’imagine systématiquement médecin… A travers ces vignettes à peine fictionnalisées, Berti – qui signe là son premier livre écrit directement en français – laisse pour l’essentiel la parole à des infirmières et des aides-soignantes. Elles se souviennent de leur premier défunt, de fleurs offertes par un jeune homme, d’un vieux monsieur demandant comme cadeau d’adieu la vision fugitive d’une paire de seins. On croise encore une esthéticienne, une musicienne bénévole, une assistante sociale ou une doctoresse revenant sur la légende urbaine selon laquelle les toubibs font des paris d’argent sur l’état de santé de leurs patients. Toutes ces paroles, restituées dans une langue sobre et juste, nous font entrer dans ces murs que, souvent, l’on n’aimerait pas fréquenter. Et derrière lesquels, pourtant, se cache une grande humanité. Baptiste Liger