Pourquoi lire les classiques en manga?
S’initier à la bande dessinée japonaise.
Pour débuter avec le manga, rien de tel… qu’un grand classique de la littérature française. Au pays du Soleil-Levant, nos romans les plus célèbres sont encore largement étudiés et continuent d’inspirer dessinateurs et éditeurs. Depuis quelques années, les éditions Kurokawa proposent ainsi des adaptations très réussies de monuments littéraires hexagonaux comme Les Misérables, Arsène Lupin ou tout récemment Le Comte de Monte-Cristo. Ces albums, réalisés par des auteurs japonais passionnés par les lettres françaises, permettent au lecteur de manga novice de s’initier au charme exotique de l’esthétique nipponne tout en conservant ses repères, notamment narratifs.
Découvrir des oeuvres.
Pour certains jeunes, le manga est le seul moyen d’accéder aux classiques de la littérature. « Nous, les éditeurs, nous avons donc une responsabilité », assure ainsi Grégoire Hellot, directeur de collection chez Kurokawa. Même chose pour les essais politiques et philosophiques. Les éditions Soleil proposent aux lycéens et aux étudiants de comprendre Du Contrat social de Rousseau ou Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche grâce à leurs mangas de vulgarisation. « Le manga ne sert pas qu’à divertir, mais aussi à éduquer », veut croire Iker Bilbao, responsable du département manga chez Soleil. Ce dernier n’hésite pas à ajouter malicieusement que « lire nos albums permet aussi de briller en société. Après avoir lu notre adaptation du Capital, je vous assure qu’on donne le change ».
S’enrichir des interprétations japonaises.
Pour ceux qui connaîtraient déjà les oeuvres originales, il sera amusant de découvrir les étonnantes adaptations nippones. De ce point de vue, les mangas des éditions Kurokawa sont des très beaux modèles de métissage culturel. Dans Le Comte de Monte-Cristo par exemple, l’auteur Ena Moriyama a choisi de passer très vite sur la découverte du trésor pour mettre l’accent sur le déploiement de la vengeance, thème nippon par excellence. Le graphisme japonais offre également de belles trouvailles comme par exemple la colère de Jean Valjean dans Les Misérables, représentée par un lion en cage, ou bien les personnages des Thénardier, dont les traits exagérément déformés symbolisent la
méchanceté. Lou-Eve Popper