Alan Moore
S ’il ne restait qu’un « geek », ça serait lui. Il en serait peut-être même le modèle, pour ne pas dire le « patient zéro ». Figure majeure des comics anglo-saxons, le Britannique Alan Moore s’avère en effet l’un des papes d’une pop culture fantastique, à laquelle ce sexagénaire a offert dès les années 1980 une certaine respectabilité. Il n’y a qu’à citer quelques oeuvres sorties de l’imaginaire de cet immense scénariste – souvent portées à l’écran : V pour Vendetta, Watchmen, Swamp Thing, La Ligue des gentlemen extraordinaires ou l’immense roman graphique sur les méfaits de Jack l’Eventreur, From Hell (voir ci-dessous). Ce statut de monstre sacré de la BD – maintes fois salué par le prix Eisner – ne doit pas faire oublier l’écrivain. Auteur d’un premier roman, La Voix du feu (paru en 1996 chez Calmann-Lévy), Alan Moore peut aujourd’hui se targuer d’avoir signé le pavé le plus impressionnant de cette rentrée (plus d’un millier de pages et fruit de dix ans de travail) : Jérusalem (Inculte). Dans ce texte monstre – traduit par Claro – dans la lignée de L’Infinie Comédie de David Foster Wallace, ce véritable démiurge dépeint ici sa cité natale de Northampton en décor mythologique, dans un foisonnant labyrinthe romanesque traversant les époques. Alors, prêts à vous perdre dans celui-ci?