Francis Huster *
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Dans mon enfance, la lecture était un refuge. Je lisais des heures sous mes draps, pour que mon père ne me voie pas. Ce que j’aimais par- dessus tout, c’était les bandes dessinées. Mes héros avaient pour noms Blake et Mortimer. Tous deux me fascinaient et me faisaient rêver. Après, il y a eu Tintin, mais je n’ai jamais été intéressé par le personnage lui- même. Je préférais de loin Milou, pour ses réactions si étranges et inattendues, et, bien sûr, tous les méchants, qui avaient du caractère. Au lycée, j’ai eu mes quatre mousquetaires à moi : Zola, Hugo, Balzac et Stendhal. Encore aujourd’hui, je considère qu’on tient avec eux les vrais écrivains révolutionnaires, et j’ai regretté qu’on en ait fait des classiques, dans le mauvais sens du terme – comprenez des « ringards »…
Plus tard, la lecture de L’Etrange Cas du docteur Jekyll et M. Hyde de Robert Louis Stevenson m’a marqué dans mon travail de comédien. Ce qui m’avait touché dans cette his- toire, c’est que tout ce qui était bon était représenté comme beau, et ce qui était mauvais était décrit comme laid. Alors que, dans ma vie, j’ai toujours combattu cette dichotomie. Il y a plusieurs facettes au sein d’un personnage. Regardez Hamlet, Perdican, Rodrigue, parmi tant d’autres : ils ont tous un aspect à la fois merveilleux et monstrueux…
Et puis, comme je suis insomniaque, je lis deux à trois heures par jour. Des pièces, pour l’essentiel. Beaumarchais, Musset, Shakes - peare… Et, évidemment, Molière ! D’ailleurs, j’ai écrit N’abandonnez jamais, ne renoncez à rien car je voulais parler à ce dernier. Je peux dire qu’il vit en moi. Aussi, j’ai une grande admiration pour le travail de Marcel Aymé, dans lequel on retrouve une puérilité émotive qui me va droit au coeur.
Parmi tous les auteurs contemporains, je me tourne naturellement vers des romanciers qui sont également dramaturges, à l’image d’EricEmmanuel Schmitt et de Véronique Olmi. Ce sont pour moi des audacieux, qui se mettent en danger ! »