Le livre de la jungle
Parmi d’autres enfants, une jeune fille, Hawa, apprend à survivre dans le camp des migrants démantelé de Calais.
La jungle de Calais, la boue, les bandes d’enfants et d’adolescents qui traînent sans but. Ce sont presque des images de tous les jours, mais voici le texte de Delphine Coulin qui vient redonner chair et vie à ces silhouettes. La gamine aux jambes si longues s’appelle Hawa, mais il y a aussi Milad ou Ali, venus d’Ethiopie, du Soudan ou d’Albanie. Le camp a été vidé et ils ne sont qu’une poi- gnée à chercher, encore une fois, à passer en Angleterre dans des conditions épouvantables. Avant, ils avaient des parents, un quotidien qui ressemblait à l’enfance; aujourd’hui, ils portent les mêmes vêtements humides depuis des semaines, sentent mauvais, crèvent de faim. Dans Une fille dans la jungle, la narratrice n’élève pas la voix, elle se tient à côté d’Hawa, entend ses peurs et ses rêves de gosse trop vite grandie. Demain, l’adolescente tentera encore d’échapper aux voleurs, aux rats qui pullulent, à la faim, et à cette humidité qui s’insinue partout. Elle montera dans un camion, chutera, se fera prendre par la police et recommencera. Aujourd’hui, d’autres Hawa sont en train de la rejoindre et verront se fracasser leurs rêves de liberté. Delphine Coulin, écrivaine et cinéaste, a donné un visage et une parole à l’une d’entre elles. Et aucun de ses lecteurs ne l’oubliera. C.F.