La vie de poème
Une grande fresque populaire sur la vie de Robert Desnos.
Elle nous avait conquis avec La Part des flammes, une fresque historique passionnée qui revisitait l’épisode de l’incendie du Bazar de la Charité, survenu à la fin du XIXe siècle à Paris. Deux ans plus tard, Gaëlle Nohant est de retour avec un livre tout aussi dense et documenté que le premier. En cinq cents pages très riches, voilà la romancière lyonnaise qui part à la rencontre de son poète préféré, le surréaliste Robert Desnos, né en 1900, mort quarante-quatre ans plus tard dans un camp de concentration de Tchécoslovaquie. Légende d’un dormeur éveillé s’ouvre en 1928, alors que Desnos vient de rentrer à Paris après un séjour mouvementé à La Havane. La tête emplie de musique cubaine et de slogans révolutionnaires, il fréquente les milieux intellectuels et artistiques de Montparnasse, fait ses premiers pas dans la création radiophonique, se lie d’amitié avec le peintre japonais Foujita et avec sa femme, Youki, qui deviendra plus tard le grand amour de sa vie… De rencontres en voyages et en publications, le récit, entremêlé des vers du poète, suit Desnos à la trace, comme une ombre. Homme rêveur et engagé, humaniste étrange et délicieusement cosmique, il apparaît insaisissable, superbement incandescent dans les tourments du siècle. Malgré quelques longueurs et un penchant gênant pour le name dropping, Gaëlle Nohant confirme sa capacité à camper des univers historiques forts, alliant avec talent le populaire et l’érudit.
Estelle Lenartowicz