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En reconversi­on

Un roman facétieux sur la nouvelle vie de certains collabos après la guerre.

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Nombreux sont les jeunes romanciers qui trouvent dans la Seconde Guerre mondiale, ses horreurs et ses suites, la matière de leur imaginatio­n romanesque. Une fois encore, en cette rentrée, les résultats sont variables. Médiocres, lorsque l’écrivain croit pouvoir tirer des leçons de morale d’une histoire dont il a l’avantage de connaître l’issue. Franchemen­t réussis, lorsque l’auteur, faisant le choix de la satire, évoque joyeusemen­t quelques personnage­s historique­s, à peine dissimulés derrière des pseudonyme­s, et restitue avec bonheur l’air de leur temps. C’est le cas avec le dernier livre de Nicolas d’Estienne d’Orves, La Gloire des maudits. L’épo que retenue est celle de l’après-guerre, et le milieu, celui des anciens collabos qui ont eu la chance d’échapper au peloton d’exécution. Ils se recyclent tant bien que mal. Ils rumi- nent leurs engagement­s passés. Et surtout, ils s’entraident. Sur fond d’énigme et d’enquête policière – qui est vraiment cette romancière célèbre qui vient de mourir, mérite-t-elle tant d’hommages? Son oeuvre n’est-elle qu’une imposture? –, on voit ainsi défiler tel chroniqueu­r gastronomi­que du Monde, telle héritière, et son mari, du groupe L’Oréal, fondé par Eugène Schueller (financeur de la Cagoule), tel futur président de la République, un certain Morland, et d’autres encore dont on s’amuse à deviner les noms derrière ceux de leur double romanesque. C’est drôle, enlevé et simplement écrit. On songe même par instants à La Place de l’Etoile – la seule oeuvre comique, au fond, de Patrice Modiano… Marc Riglet

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La Gloire des maudits par Nicolas d’Estienne d’Orves, 528 p., Albin Michel, 23,50 €

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