L’origine de la violence
Le terrible récit de deux frères palestiniens, l’un s’enrôle dans les rangs djihadistes et l’autre tente de l’en sortir.
En sciences naturelles, « imago » désigne le stade final de l’évolution d’un être dont le développement comporte plusieurs phases ( par exemple, oeuf, larve et imago). Pour Cyril Dion, il s’agit d’une étape : militant écologiste (notamment aux côtés de Pierre Rabhi), il avait publié un recueil de poèmes en 2014 (Assis sur le fil), avant de coréaliser le film documentaire Demain avec Mélanie Laurent (César 2016 de sa catégorie). Ce premier roman raconte l’« imago » de ses propres protagonistes : Nadr et Khalil, demi-frères palestiniens. Le dernier a cédé à l’appel du djihad et rejoint la France pour y commettre l’irréparable. Le premier part à sa poursuite afin de l’en dissuader. Il quitte alors Rafah, franchit les tunnels de Gaza, passe par l’Egypte et débarque dans l’Hexagone. Son périple est le fil rouge du roman, auquel s’agrègent deux voix supplémentaires : Amandine, mère palestinienne, et Fernando, qui travaille pour une institution internationale. Imago entrecroise alors leurs vies, révèle les nondits, et nous livre une vision plurielle du conflit israélo- palestinien. Dion montre une poudrière entretenue par l’Occident, où les djihadistes recrutent en utilisant la souffrance d’une jeunesse dont l’isolement est plus grand. Evitant le dogmatisme, le primoromancier se hisse à hauteur d’un engagement humaniste et poétique, invoquant le poète Mahmoud Darwich, et criant sa confiance en l’imaginaire comme éternel socle commun. H. A.