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Ma reine

- Estelle Lenartowic­z

dans une contrée imaginaire. Au centre de cet étrange décor flottant, il y a Viviane, une fillette à la voix rauque et au regard perçant, apparue comme un arc- en- ciel au début de son échappée. Ces deux-là s’entendent bien. Une rencontre a lieu. Les hiérarchie­s s’inversent. Retranchés du monde des adultes, ils se confient des secrets, scellent des pactes, se font des vacheries et d’adorables promesses. A mesure qu’ils se réinventen­t, le paysage tournoie et se transforme autour d’eux. Portés par une prose élégamment expressive et régressive, ils tissent, tout en surface, les contours en clair- obscur d’un drôle d’ailleurs. Se servant de sa plume comme d’une baguette magique, Jean-Baptiste Andrea signe un conte initiatiqu­e résolument étincelant et séducteur.

Je tombais, je tombais et j’avais oublié pourquoi. C’était comme si j’étais toujours tombé. Des étoiles passaient au-dessus de ma tête, sous mes pieds, autour de moi, je moulinais pour m’y raccrocher mais je n’attrapais que du vide. Je tourbillon­nais dans un grand souffle d’air mouillé. Je brûlais de vitesse, le vent hurlait entre mes doigts, j’ai repensé à l’époque où on courait le cent mètres à l’école, les seules fois où les autres ne se moquaient jamais de moi. Avec mes grandes jambes, je les battais tous. Sauf que là, mes jambes ne servaient à rien. Elles tombaient elles aussi comme des imbéciles.

Quelqu’un a crié, loin. Il fallait que je me rappelle pourquoi j’étais là, c’était forcément important. On ne tombe pas comme ça sans une bonne raison. J’ai regardé derrière moi, mais derrière ça ne voulait plus rien dire. Tout changeait tout le temps, tellement vite que j’avais envie de pleurer.

À coup sûr, j’avais fait une énorme bêtise. J’allais me faire gronder ou pire, même si je ne voyais pas ce qu’il y avait de pire que d’être grondé. Je me suis roulé en boule comme quand Macret me tabassait, c’était un truc connu pour avoir moins mal. Maintenant il n’y avait qu’à attendre. J’allais bien finir par arriver.

C’était l’été 1965, le plus grand de tous les étés, et je n’en finissais pas de tomber.

Aforce de m’entendre répéter que je n’étais qu’un enfant, et que c’était très bien comme ça, l’inévitable est arrivé. J’ai voulu leur prouver que j’étais un homme. Et les hommes, ça fait la guerre, je le voyais tout le temps à la télé, un vieil appareil bombé devant lequel mes parents mangeaient quand la station était fermée.

À l’époque, il ne passait pas beaucoup de monde sur la route qui descendait vers la vallée de l’Asse en bordure de laquelle nous vivions, oubliés par la Provence. Notre station, c’était juste un vieil auvent avec deux pompes dessous.

Autrefois, mon père astiquait les pompes régulièrem­ent mais avec l’âge et le manque de passage, il avait renoncé. Moi ça me manquait, les pompes qui brillaient. Je n’avais plus le droit de les nettoyer tout seul parce que la dernière fois que je l’avais fait j’avais fini trempé, et ma mère m’avait enguirland­é, comme si elle n’avait pas assez de travail comme ça avec un feignant de mari et un attardé de fils. Mon père et moi quand elle se mettait dans ces états, on la bouclait. C’est vrai qu’elle avait assez de travail, surtout les jours de lessive avec les combinaiso­ns raides de cambouis de l’atelier. C’est vrai aussi que quand je prenais un seau, toute l’eau dedans me sautait dessus. Je n’y pouvais rien, c’était comme ça.

Mes parents parlaient peu. À la maison, un rectangle de parpaings que mon père n’avait jamais fini d’enduire derrière la station, les seuls bruits étaient ceux de la télévision et des mules de cuir sur le lino, du vent qui dévalait de la montagne et qui venait se coincer entre la paroi et le mur de ma chambre. Mais nous, on ne parlait pas, on s’était déjà tout dit.

Ma soeur nous rendait visite une fois l’an. Elle avait quinze ans de plus que moi, elle était mariée et elle vivait loin. En tout cas ça paraissait loin sur la carte quand elle me le montrait. Chaque fois qu’elle venait, ça finissait en dispute entre les parents et elle. Elle pensait qu’une station-service dans un coin pareil, ce n’était pas un endroit pour moi. J’avais un peu de mal à comprendre pourquoi parce que la station me paraissait très bien, à part les pompes sales. À son départ, je regardais la carte et je me demandais toujours ce qu’il y avait de mieux, là où elle habitait.

Un jour, je lui ai posé la question. Elle m’a caressé les cheveux et m’a dit que dans sa ville, j’aurais des amis de mon âge, des gens à qui parler. Et peut-être que je voudrais rencontrer une femme un jour? Les femmes, je les connaissai­s plus qu’elle ne le croyait, mais je n’ai rien dit. Ma soeur a continué: les parents étaient vieux, qu’est-ce qui m’arriverait quand ils ne seraient plus là? Je savais que quand on disait des gens qu’ils « n’étaient plus là », c’était pour de bon, ils ne revenaient pas. J’ai répondu que je m’occuperais de la station tout seul et elle a fait semblant d’y croire, mais j’ai bien vu qu’elle mentait. Je m’en fichais. Je me réjouissai­s secrètemen­t de pouvoir un jour briquer les pompes.

Ma soeur avait raison sur un point. Des amis, je n’en avais pas. Le village le plus proche était à dix kilomètres. Les gars de l’école, je les avais perdus de vue depuis que je n’y allais plus. Je ne voyais que les automobili­stes qui s’arrêtaient pour prendre de l’essence, et dont je remplissai­s fièrement le réservoir avec sur le dos le beau blouson Shell que mon père m’avait donné. C’était avant que Shell s’aperçoive qu’on ne vendait pas assez d’essence, ce qui nous avait forcés à passer à une marque italienne qui, elle, n’en avait rien à faire. Mais je mettais le blouson quand même. Les clients me parlaient, ils étaient gentils, il y en avait souvent un pour me glisser la pièce et mes parents m’autorisaie­nt à garder ce que je gagnais. On avait même quelques habitués comme Matti. Mais pas d’amis. Ça ne me dérangeait pas. J’étais bien là-bas. Ce qui m’a fait partir, c’est une cigarette. La vallée sortait d’un hiver dur qui avait carambolé l’été, le pauvre printemps s’était retrouvé écrasé entre les deux. J’avais entendu un client dire ça, j’avais trouvé ça drôle, c’était comme le vent entre ma chambre et la montagne.

Parmi les missions qui m’étaient confiées, je devais remettre du papier toilette dans le réduit marqué C – le W était tombé et on ne l’avait jamais remis quand on avait constaté qu’il faisait un excellent dessous-de-

plat. Le papier toilette, c’était un grand mot pour désigner un journal découpé en carrés, mais c’était justement ce que j’adorais, découper les carrés. Il fallait faire bien attention à ne pas couper un journal que mon père n’avait pas lu en entier. Une fois, je m’étais pris une beigne pour ça et il m’avait forcé à recoller la page des sports, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’un client avait utilisé le carré avec les résultats qui l’intéressai­ent. J’avais pris une deuxième beigne.

Il était deux heures et il n’y avait eu qu’une voiture ce jour-là, une 4L bleue. Je m’en souviens bien évidemment de cette 4L. La montagne brûlait comme une tôle d’acier derrière la station. J’avais passé une heure à faire du découpage et j’étais entré dans les C, comme on les appelait, pour y laisser le papier. Je ne respirais jamais dans le réduit, j’avais la phobie des mauvaises odeurs depuis que j’étais tout petit. Et même si personne n’avait utilisé les C depuis quelques jours, ils sentaient toujours une odeur désagréabl­e de vieille terre pourrie, une odeur que j’associais à la mort, au compost plein de choses grouillant­es que ma mère mettait autour du géranium, la seule fleur de la station. La fleur mourait régulièrem­ent mais ma mère la remplaçait à chaque fois. Mon père avait beau lui gueuler que c’était le compost qui le tuait, son géranium, elle n’écoutait pas.

C’est en sortant de la petite cabane que j’ai remarqué le paquet de cigarettes tombé sous l’évier. Il en restait deux. Je n’avais jamais fumé, mon père racontait toujours comment il avait vu, pendant la guerre, un type qui fumait en faisant le plein et qui s’était enflammé. Il avait fallu une citerne entière pour l’éteindre. Chaque fois que les pompiers croyaient que ça y était, le type se renflammai­t. Je crois que mon père exagérait pour qu’on comprenne. Chez nous, il y avait un gros signe avec une cigarette géante barrée au-dessus des pompes.

Mais j’étais loin des pompes, loin de la maison, et par sécurité je suis allé m’installer sur le petit promontoir­e derrière le réduit. J’avais des allumettes sur moi, c’était toujours utile pour brûler un insecte. Un client qui m’avait vu faire un jour m’avait traité de « sale con cruel », mais je me souvenais qu’à l’école on avait disséqué des grenouille­s vivantes, alors je ne voyais pas trop bien la différence. « Sale con cruel toi-même », je lui avais répondu. Puis j’étais parti en pleurant, ça lui avait coupé le sifflet. Ma mère était allée parler au type, le sale con cruel, je les avais vus de loin, ils faisaient des grands gestes, enfin surtout elle. Lui, il ne disait trop rien. Au final il ne s’était rien passé. Le type était parti et quand j’avais été sûr qu’il ne pouvait pas me voir, je lui avais montré mes fesses.

J’ai allumé la cigarette comme dans les westerns et après deux bouffées d’essai, j’ai aspiré de toutes mes forces. C’était pire que la fois où j’avais failli me noyer quand j’avais huit ans, les dernières vacances dont je me souvenais – on était montés au lac. Une dame m’avait sorti de l’eau. Sauf que là, en plus, ça brûlait.

J’ai lâché ma cigarette, elle est tombée sur un tas d’aiguilles de pin. J’ai voulu piétiner le mégot, il a sauté, les aiguilles se sont enflammées comme ça, dans un rire d’étincelles, un énorme rouge et jaune qui m’a pris la chaussure. J’ai crié, ma mère est sortie, mon père aussi – il a tout de suite compris ce qui se passait. Dans la région, on ne rigolait pas avec les incendies. Il est arrivé avec un extincteur, je ne l’avais jamais vu courir aussi vite, pourtant il n’était plus tout jeune. À la fin il y avait un carré de terre brûlée sur le promontoir­e. Pas grand-chose, mais c’était pas passé loin. C’est ce qu’a dit mon père en tout cas. « C’est pas passé loin. » Ma mère m’est tombée dessus comme une furie. Je pense que mon père m’aurait bien cogné, lui aussi, mais il n’osait plus trop lever la main sur moi parce que j’étais devenu grand.

J’ai hurlé que je n’étais plus un gamin, ma mère a répondu que si, justement j’en étais un, et que tant que je vivrais sous son toit, je ferais ce qu’elle dirait, et que j’avais intérêt à me rentrer ça dans ma caboche de douze ans.

Ce soir-là ils ont appelé ma soeur. J’ai tout entendu à travers la porte. Ils croyaient parler à voix basse mais comme ils étaient tous les deux un peu sourds, à voix basse c’était presque à voix haute. Ils ont utilisé le gros téléphone de bakélite de la maison, la seule chose qu’on me laissait nettoyer parce que je ne pouvais pas le casser et qu’il n’y avait pas besoin d’eau. Je le frottais plusieurs fois par jour, il brillait comme du goudron frais, ça faisait du bien juste de le regarder. Et parce que je l’adorais, ce téléphone, j’ai eu l’impression qu’ils m’avaient trahi deux fois.

Ils ont dit à ma soeur qu’elle avait raison, qu’ils étaient maintenant trop vieux pour s’occuper d’un gamin et qu’il fallait qu’elle envoie quelqu’un. Ils lui ont raconté que j’avais encore failli mettre le feu, moi je ne me rappelais pas que c’était déjà arrivé. Il y a eu un grand silence pendant que ma soeur parlait, et j’ai compris qu’on allait venir me chercher. Je ne savais pas quand, demain, dans un mois, dans un an, ça ne faisait pas une grosse différence. On viendrait et c’était tout ce qui comptait.

C’est ce jour-là que j’ai décidé de partir à la guerre.

J’avais un plan. À la guerre, je me battrais, on me donnerait des médailles, je reviendrai­s et là, tout le monde serait bien forcé d’admettre que j’étais un adulte, ou tout comme. À la guerre on pouvait fumer, on le voyait tout le temps à la télé, et le mieux c’est qu’on ne risquait pas de mettre le feu, vu que là-bas tout est déjà en feu. La seule chose qui m’ennuyait, c’est que les soldats avaient l’air un peu sales, je n’étais pas sûr que ça me plairait. Moi il me faudrait un fusil et des chaussette­s propres tous les jours, sinon ça finirait dans les larmes.

À mon retour, plus personne ne parlerait de m’emmener. Peut-être même qu’on me donnerait la grande chambre, celle qui avait vue sur les pompes, celle des héros. Ma mère n’en avait pas besoin, elle était plus petite que moi et elle pouvait prendre ma chambre à la place.

Le problème, c’est que je ne savais pas où on faisait la guerre. Je savais juste que c’était loin, parce que j’avais demandé à ma mère, un jour, et elle avait répondu ça : loin.

Loin, pour moi, ça commençait au plateau, en haut de la montagne qui tombait juste contre ma chambre. On y accédait en remontant la vallée mais il y avait un raccourci, un ancien sentier que même les chasseurs n’osaient plus prendre parce que c’était trop dangereux. J’étais déjà monté une fois en douce. J’avais passé les yeux par-dessus le rebord de la montagne et j’avais vu les prés qui s’étendaient à perte de vue, ça ressemblai­t à la mer et ça donnait le vertige. Après ça, les soirs d’orage, j’imaginais le plateau qui se couvrait d’eau là-haut dans les nuages, l’eau allait finir par déborder et tous nous emporter et on se réveillera­it le cul dans l’Asse.

Autant le dire tout de suite, parce que de toute façon tout le monde le sait: la guerre, je n’y suis jamais arrivé. Si j’avais su, je serais resté chez moi à écouter le mistral qui me parlait à travers les parpaings comme tous les soirs. Il n’y aurait pas eu la suite. Mais il n’y aurait pas eu Viviane non plus, la reine aux yeux violents qui parlait comme tous les vents de tous les plateaux de tous les pays. C’était mieux que mon vent à moi qui me racontait toujours les mêmes histoires. Mais j’y reviendrai plus tard parce que là, Viviane, je ne l’avais pas encore rencontrée. Au dîner j’ai annoncé à mes parents : – Je m’en vais. Mon père n’a pas répondu parce que son feuilleton venait de commencer. Ma mère m’a dit de finir mes lentilles et de ne pas parler la bouche pleine. C’était tant mieux, au fond, parce que s’ils m’avaient ordonné de rester je me serais dégonflé.

Quand même, j’étais un peu triste de quitter la station. C’était là que j’avais passé toute ma vie, je ne connaissai­s pas d’autre endroit et ça m’allait très bien. Mon père disait qu’ailleurs, c’était pareil qu’ici, un peu plus comme ci ou un peu plus comme ça, mais fondamenta­lement pareil. J’avais grandi dans l’odeur d’essence et de graisse du petit atelier où on réparait parfois les chasse-neige du départemen­t. Ça c’étaient des odeurs que j’aimais. Elles me manquent maintenant.

Autrefois, quand je revenais de l’école, je mettais une vieille combinaiso­n dont ma mère avait taillé les bras et les jambes et je faisais semblant d’aider mon père. Parfois, il me laissait lui passer un outil, juste pour me faire plaisir, parce que je lui passais toujours le mauvais.

Et puis quand j’ai dû arrêter l’école, il a bien fallu me donner des choses à faire, et c’est là que j’ai été autorisé à faire le plein avec mon blouson Shell. Maman disait que les clients aimaient ça, le blouson, que ça faisait cossu, et même si je ne savais pas ce que ça voulait dire, je sentais bien que c’était quelque chose de chouette, d’être cossu.

J’ai dit que je connaissai­s un peu les femmes même si je n’étais pas censé. Il faut que je le raconte parce que c’est aussi à la station que c’était arrivé, et que je repensais à tout ça la nuit de mon départ. Un jour, j’étais assis sur le promontoir­e derrière les C, je ne faisais rien, je me mêlais juste de mes affaires. Une belle berline était arrivée et pendant que le mari payait son plein, la dame était allée aux C, mais de ma position je voyais à l’intérieur par la lucarne qui servait à aérer. J’étais resté pétrifié quand elle avait relevé sa jupe, et au même moment elle m’avait vu.

Dans ma tête j’avais détalé comme un lapin. Dans la réalité j’étais resté assis comme un idiot à la regarder. J’ai cru qu’elle allait crier mais elle avait souri, elle avait glissé la main entre ses jambes, là où ma mère dit que c’est sale de toucher, et elle avait touché longtemps en continuant de me regarder et en ayant l’air d’avoir un peu mal. Je ne sais pas combien de temps ça avait duré. Je crois que je me suis évanoui. En tout cas quand j’avais rouvert les yeux elle n’était plus là, et j’étais mouillé.

Ça m’était déjà arrivé avant, la fois où j’avais trouvé un magazine abandonné par des chasseurs dans les bois, les pages gondolées par la pluie. Il était rempli de femmes toutes nues et là aussi, j’avais explosé. J’avais enterré le magazine sous un pin et j’allais le regarder régulièrem­ent. Mais l’histoire de la berline, c’était ma première fois avec une vraie femme. Bien sûr je sais que ça n’était pas vraiment « avec » mais c’était tout comme. Mon instinct me disait que ça n’était pas un truc d’enfant, une preuve encore que je devenais un homme. Voilà à quoi je pensais ce soirlà, pendant que je préparais un sac à dos avec mes affaires de guerre. Des tenues, j’en avais un placard entier, tellement que je ne savais pas quoi prendre. Tous les ans, un gros carton arrivait chez nous avec mon nom dessus, plein de chemises, de vestes, de pantalons usés par des cousins que je n’avais jamais vus. Ma mère les retaillait mais elle avait beau faire, je flottais toujours dedans. Je les détestais, ces vêtements. Ils sentaient des lessives inconnues, des grands paysages chimiques que je n’aimais pas, il fallait les laver dix fois avant que j’accepte de les porter. Je n’avais pas le choix, de toute façon. C’était ça ou se promener tout nu. J’ai enfoncé ce que je pouvais faire rentrer dans mon sac.

Il ne manquait plus qu’une chose à mon paquetage, la plus importante : une arme.

 ?? Ma reine par Jean-Baptiste
Andrea, 240 p., 17 € Copyright L’Iconoclast­e. En librairie le 30 août. ??
Ma reine par Jean-Baptiste Andrea, 240 p., 17 € Copyright L’Iconoclast­e. En librairie le 30 août.

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