In memoriam Razan
Le portrait fascinant d’une avocate syrienne, Razan Zaitouneh, enlevée il y a plus de trois ans pour avoir enquêté sur les violations des droits de l’homme dans son pays.
Qui a enlevé Razan Zaitouneh ainsi que son mari et deux de leurs amis dans la proche banlieue de Damas en décembre 2013? Des salafistes? Des gros bras à la solde du régime de Bachar el-Assad ? Aucune piste ne doit être exclue tant il est vrai que l’avocate syrienne et militante des droits de l’homme avait accumulé, sur la foi de témoignages de citoyens, des preuves attestant que les deux camps avaient contribué, chacun à sa façon, à transformer le pays en gigantesque abattoir à ciel ouvert. Justine Augier livre un portrait captivant d’une femme à la « trajectoire libre », en évitant un écueil :
la commisération emphatique. L’auteure privilégie la sobriété, la distance. Elle ne cherche jamais à sublimer son personnage, à l’ériger en icône. Ce n’est pas le moindre mérite de son livre. De l’ardeur ne s’affiche, en effet, ni comme un récit ni comme un essai ou une biographie, mais comme une « histoire ». Tout « simplement », pourrait-on ajouter – si tant est que cet adverbe ait encore un sens quand il est question de ce pays meurtri. William Irigoyen
l’ardeur: histoire de Razan Zaitouneh avocate syrienne par Justine Augier, 320 p., Actes Sud, 21,80 €. En librairie le 6 septembre.