Haut les mains
Un essai passionnant sur l’importance de toucher, manier, tripoter, pour se connaître sur le bout des doigts!
Il faut prêter attention à nos mains. Jeux de mains, main invisible et mercantile, garder la main, s’en remettre dans les mains de Dieu. On peut même risquer une référence plus érudite à Cicéron, celle de la sermo corporis, la gestuelle qui scande l’éloquence du rhéteur. Cicéron dont les mains coupées, après son assassinat, furent offertes au public. Plus près de nous, le syndrome de la main étrangère ; cette main qui s’agite et que veut, vainement, contrôler l’autre. Dans le film Docteur Folamour, de Stanley Kubrick, le savant fou ne peut s’empêcher de faire le salut nazi. Jamais en panne d’originalité, le psychanalyste britannique Darian Leader observe le foetus qui déploie la petite palme de ses doigts et le nourrisson qui explore avec sa bouche les recoins du monde, avant de le tâter avec une rare obstination. On peut mourir de n’être pas touché, caressé; ce dont témoigne le besoin de se masturber. Traversant le cinéma, la littérature, les arts, l’essai Mains plonge le lecteur dans une étonnante histoire de celles-ci. Que n’a-t-on accusé l’individualisme moderne contemporain de se perdre dans les objets technologiques : portables, ordinateurs, jeux vidéo. Et pourtant, c’est toujours la main plus ou moins habile qui est sollicitée. Alors, feuilletons et lisons ces pages qui font sentir la chair du monde. Alain Rubens