Lire

Grimr et châtiment

-

C’est une saga. D’abord, parce que ça se passe en Islande. Ensuite parce qu’on va suivre le destin d’un héros, jusqu’à sa mort et sa transfigur­ation, au long d’une histoire pleine de bruit et de fureur qui fait de lui un archétype – ici l’archétype du maudit, que la communauté rejette parce que le malheur l’a privé de toute ascendance. A partir de là, les choses se compliquen­t.

On n’est pas du tout au Moyen Age, encore moins dans les temps sans âge de l’épopée, mais au XVIIIe siècle, la période la plus noire de l’histoire de ce pays, que nous avons un peu trop rapidement classé parmi les paradis sur terre et qui mit bien du temps à se relever d’une cascade de catastroph­es, aggravées par la domina- tion peu tendre des Danois. Du coup, ce qui nous est raconté dans La Saga de Grimr est historique­ment situé, dans une société misérable et coloniale, violente et puritaine, qui fait un peu penser à l’atmosphère des grands films historique­s scandinave­s, avec une ampleur tragique décuplée par l’omniprésen­ce des volcans.

L’art du dessin et des explosions colorées de Jérémie Moreau fait le reste : un superbe album, qui retrouve pour finir son statut de saga, tout simplement parce que le destin de Grimr est recueilli par la femme qui l’a aimé et par le dernier des scaldes (bardes islandais), celui qui a compris que « nos vies sont faites de métal incandesce­nt. Tant qu’elles rougeoient, nous en restons les forgerons ». Pascal Ory

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France