Laissez bronzer les cadavres
d’Hélène Cattet et Bruno Forzani
Au tout début des années 1970, deux jeunes types se sont amusés à signer une curieuse Série noire bien déviante, intitulée Laissez bronzer les cadavres. Leurs noms : Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid. Près d’un quart de siècle plus tard, c’est un autre duo – cette fois-ci, de cinéastes – qui s’empare de cette étrange histoire. Un vol d’or, des petites frappes aux tronches patibulaires, un écrivain en panne d’inspiration, des gendarmes, une mystérieuse artiste et la Méditerranée sont quelques-uns des éléments de ce longmétrage dont, au fond, l’intrigue n’a aucune importance. Ceux qui ont vu Amer savent que le cinéma d’Hélène Cattet et Bruno Forzani fonctionne moins sur une histoire que sur des sensations et le détournement des clichés du cinéma de genre. Pour qui accepte de se laisser porter, un véritable feu d’artifice visuel et sonore s’offre au spectateur qui voit ici un mélange sidérant d’inventivité – entre le polar français des années 1980, l’horreur gothique britannique et l’érotisme italien des seventies. Le casting n’est pas en reste. On y croise Elina Löwensohn, l’égérie du cinéma underground; Stéphane Ferrara, l’ex-star des nanars avec Delon; et Bernie Bonvoisin, leader du groupe Trust. Un régal. (En salles le 18 octobre)