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La forêt sur le divan; Trois questions à Marie Darrieusse­cq ................

- * Notre vie dans les forêts (P.O.L). Propos recueillis par Christine Ferniot

A la fois inquiétant et pétri d’humour, le nouveau roman* – dystopique – de l’écrivaine entraîne une poignée d’humains dans la forêt. Entretien.

A quoi ressemble la forêt dont vous parlez dans votre nouveau livre ?

> Marie Darrieusse­cq. A un endroit dépenaillé, une brèche, une zone qui n’intéresse pas la société de surveillan­ce. Je ne sais pas où elle est vraiment, en Europe sans doute. Elle est aussi un « non lieu », comme la forêt de Tchernobyl. Il m’a semblé que la forêt était la dernière zone où l’on peut s’échapper, grâce à l’opacité de la canopée. On peut s’y perdre comme s’y cacher. C’est un lieu chargé de notre imaginaire, depuis les contes de fées. Pour un écrivain, la forêt est porteuse d’inspiratio­n infinie, elle est à la fois passé et futur, le lieu d’où l’on vient et ce qui restera comme le dernier refuge possible. La forêt est souvent présente dans vos livres. Pourquoi?

> M.D. Je ne sais pas. Mon éditeur me faisait justement remarquer que Truismes se terminait dans une forêt. Il y a aussi la forêt vierge dans Il faut beaucoup aimer les hommes. Et aussi la forêt des Landes dans Le Mal de mer.

Dans Truismes comme dans votre nouveau roman vingt ans après, votre héroïne écrit dans la forêt, et elle est aussi psychanaly­ste, comme vous l’avez été…

> M.D. Mais que faire d’autre qu’écrire dans cet espace désorienta­nt? Je peux rester longtemps à regarder la mer, mais pas la forêt. Ecrire est donc la seule chose qu’on puisse entreprend­re. C’est vrai, ça m’a amusée d’avoir une héroïne psychothér­apeute, plutôt candide. Elle n’est pas dans la maîtrise, pourtant, elle essaye d’aider les gens autour d’elle. Mais elle est en train de s’éteindre. Ce qu’elle écrit est un testament. Elle a une déposition à faire.

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