En guise de prologue, les noms
Est-ce qu’ils forment une famille, un peuple ? Estce qu’ils sont réels ? Ils sont en moi depuis l’enfance, ils flottent et volettent autour de moi pareils à des papillons affolés, certains que je connais depuis que je comprends le langage, des noms jetés au hasard des conversations, par mon père, par mes tantes, par ma mère bien qu’elle fût étrangère à tout cela, d’autres trouvés au hasard des lectures, sur les pages intérieures du Mauricien Cernéen que mon père recevait chaque semaine et qu’il empilait sur une étagère, à côté de ses bouquins d’économie et de la collection de l’Encyclopaedia Britannica, d’autres encore volés sur les enveloppes des lettres, au verso des photos. L’origine des noms, c’est ce petit livre relié en cuir marron, contemporain d’Axel Thomas Felsen, qui se trouvait sur l’étagère du haut de la bibliothèque, que j’ai lu dans mon enfance comme s’il s’agissait d’une sorte d’annuaire téléphonique du vieux siècle :