La loi de la jungle
Olivier NOREK Révélé avec ses polars dans le « 9-3 », l’ex-policier livre une sombre intrigue entre la Lybie et Calais.
Les auteurs de polar n’ont pas attendu que les migrants fassent la une pour les mettre à la page. Et les plumes françaises sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au sujet. Preuve en est avec Olivier Norek, un de ces flics de terrain devenus écrivains, connu pour ses polars situés en SeineSaint- Denis : Code 93, Territoires et Surtensions. Avec son quatrième roman, il opère un tournant saisissant.
Entre deux mondes commence par une embarcation « quelque part en Méditerranée » . 273 réfugiés ont quitté la Libye direction les côtes siciliennes. Parmi eux, Nora et sa petite fille Maya. Scène suivante: octobre 2016, aux derniers jours du démantèlement de la « jungle » de Calais, les pelleteuses broient les restes du campement, et exhument aussi des morceaux de cadavres. Puis, Norek rembobine trois mois avant les faits.
A Damas, Adam Sarkis, capitaine de la police militaire, cherche à quitter la Syrie après avoir organisé le départ de sa femme et de sa fille, déjà sur les routes. A Calais, alors que les migrants sont prêts à tout pour se coller sous un camion et passer la frontière, les membres du collectif « Calaisiens d’abord » se font déborder par des groupuscules d’extrême-droite. Pris entre ces feux, procureur et policiers ont créé une situation de blocage : ils n’entrent pas dans la « jungle » et laissent Erythréens, Soudanais, Iraniens et Afghans se battre entre eux ou contre les nazillons, gérant eux-mêmes le business des passeurs. C’est à ce moment qu’arrive Sarkis, à la recherche de sa femme Nora et de sa fille Maya dont il a perdu la trace.
Qui a vu quoi ? Qui protège qui ? Entre deux mondes démêle les fils de ces intrigues. Mais il vaut plus encore pour la manière habile avec laquelle l’auteur alterne sentences et vengeances. Documenté, précis, saupoudré de dialogues corsés, le roman de Norek ne fait pour le reste aucune concession.
Hubert Artus