Gauguin, génie tout-terrain
Sa vie et son oeuvre se confondent dans une quête acharnée de territoires inconnus, géographi - ques et esthétiques. Loin, toujours plus loin: tel est le credo de Paul Gauguin qui passe sa petite enfance au Pérou, parcourt le monde comme marin, séjourne à Panama, en Bretagne, à Arles, à Tahiti, aux Marquises enfin, où il meurt en 1903, à l’âge de 54 ans. La même soif d’ailleurs – ce « droit de tout oser » qu’il porte en étendard – se retrouve dans ses créations polymorphes ; dans ses sources d’inspiration hétéroclites (estampes japonaises, momies incas…) ; et dans les sujets ( la baigneuse, la Bretonne…) qu’il recycle d’un médium à l’autre, mixant à l’envi techniques et matériaux. C’est ce processus créatif, visionnaire et culotté, que décrypte l’exposition Gauguin l’alchimiste au Grand Palais, orchestrée par Claire Bernardi et Ophélie Ferlier-Bouat du musée d’Orsay. Une cinquantaine de peintures y figurent, dont quelques pépites polynésiennes ( Eh quoi ! tu es jalouse ? prêtée par le musée Pouchkine, Les Aïeux de Teha’amana conservée à Chicago). Mais on découvre surtout un ensemble aussi riche que rare de céramiques, sculptures, dessins, gravures, objets en bois, collages… Et on pénètre même dans la Maison du Jouir, la dernière demeure du génie incompris sur l’île d’Hiva Oa, minutieusement reconstituée par la magie d’un hologramme. Letizia Dannery