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Un monde à part

L’auteur afrikaner reprend les codes du polar post-apartheid et du thriller dans un domaine inattendu: le roman post-apocalypti­que.

- Deon MEYER L’Année du Lion (Koors) par traduit de l’afrikaans et de l’anglais par Catherine Du Toit et Marie-Caroline Aubert, 640 p., Seuil, 23

En France, voilà quinze ans que nous avons découvert Deon Meyer. Ses polars fort bien troussés évoquent l’envers de « la nation arc-en-ciel », les trafics d’armes, la reconstruc­tion ou la place de l’Afrique du Sud dans la géopolitiq­ue du crime des années 2000-2010, le tout avec une galerie de personnage­s hauts en couleur. Cette Année du Lion rassemble tous ces éléments mais nous transporte bien au-delà. Avec son onzième roman, Meyer nous mène là où on ne l’attendait pas : le domaine postapocal­yptique. Ainsi, les trois quarts de la surface du globe ont été décimés par une « Epidémie » . Sur la corne Sud du continent africain, vers les grandes étendues du Grand Karoo, un homme et son fils (Willem et Nico Storm) errent à bord de leur camion surchargé de matériaux de survie. Ils subissent une attaque de chiens enragés dès la deuxième page du livre (qui en compte six cents), après s’être aventurés à la recherche d’une denrée qui n’existe plus : l’essence. Le père a participé à la naissance d’une communauté, nommée Amanzi, établie sur un site stratégiqu­e et qui se revendique multiracia­le. Ce qui est loin d’être le cas du clan concurrent formé par des bikers, des maîtres-chiens et autres survivants assoiffés de sang et d’argent. L’Année du Lion retanscrit la confession du fils Storm des années après « l’Epidémie » . Le jeune homme retrace le fil des évènements qui l’ont amené à survivre tout en ne pouvant protéger son père, nous réservant d’innombrabl­es rebondisse­ments, et laissant la parole à de nombreux protagonis­tes. Difficile, on l’aura compris, de ne pas y voir une grande parabole sur la reconstruc­tion de l’Afrique du Sud. En version certes enragée et macroscopi­que, se jouant des légendes survivalis­tes et des théories complotist­es, quelque part entre Mad Max et La Route. Il y a là un évident brio et même une certaine grâce dans la quête du père. H.A.

Deon Meyer,

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