Rome ne s’est pas défait en un jour…
Doit-on vraiment parler de « chute » de l’Empire romain? Un essai à la fois polémique et sérieux.
One s’en lasse pas. Le « déclin », la « chute » , la « fin » … de l’Empire romain sont, au plus depuis saint Augustin, au moins depuis Edward Gibbon, la matière d’innombrables ouvrages, le grand sujet, le morceau de roi, de toute méditation historique.
Longtemps, les spécialistes ne discutèrent pas le fait. Il y a bien eu un « empire romain » qui, au Ve siècle de l’ère commune, s’est, disons, défait. Et comme, par convention, on mettait à part l’Empire d’Orient – qui, lui, avait tenu encore neuf siècles –, il restait à identifier les causes de cette chute finale.
Elles surabondaient. Sur fond de tautologie – l’Empire romain touche à sa fin
• parce que « tout empire finira » –, on invoquait, tour à tour ou tout ensemble, la submersion des Barbares, les effets délétères du christianisme, la décadence des moeurs, mais aussi la crise économique, la démographie fléchissante, la désagrégation des institutions, la médiocrité des élites…
Puis vint le temps de la critique. Il n’y a pas vraiment eu de « chute » , ni d’« invasions barbares » ni, à proprement parler, de fin. Pas de « chute », ne seraitce que parce que l’on ne saurait en préciser la date. Pas « d’invasions bar-
Bertrand Lançon,