Lire

QUAND LA FIÈVRE RETOMBE

- Les Jours d’après par et 310 p., L’Observatoi­re, 19 Le Chaudron français par et 243 p., Grasset, 18 Notre-Drame de Paris par et 240 p., Albin Michel, 18

naguère patrie de la vigne, de l’olive, de la tauromachi­e et du plein soleil. Jean-Michel Décugis est un « Pescalune » – il est né et a passé toute son enfance à Lunel. On comprend alors qu’il soit déchiré par la tragédie qui a défiguré sa ville. En trente- trois ans, la population a doublé et n’a jamais pu être absorbée par le marché du travail. Un quart des Lunellois vit des allocation­s sociales : « L’immigratio­n a déferlé sur des terres de traditions taurines, balayant le sable des coutumes locales. » Entre novembre 2013 et décembre 2016, une vingtaine de jeunes sont partis de l’autre côté de la Méditerran­ée « faire le djihad », soit environ une personne sur mille tombée dans la barbarie islamique. Alors qu’avant, « c’était plutôt 27 cafés pour 27 000 habitants » . Nos auteurs situent l’origine de la déflagrati­on à la fin de la guerre d’Algérie, en 1962. Lunel n’a pas le temps de célébrer le retour de ses soldats que des milliers d’Algériens contraints de fuir leur pays leur emboîtent le pas. Une dizaine d’années plus tard, les familles les plus pauvres s’installent dans le centre-ville peu à peu déserté par les Pescalunes. « Lunel est alors gangrené par les marchands de sommeil. » Et la grande mosquée, édifiée en plein coeur de la ville, se transforme en un centre de prosélytis­me pour les apôtres de la barbarie. Dès 2014, une vague d’adhésions à l’Etat islamique est enregistré­e. La plupart de ces recrues sont de bons jeunes gens respectueu­x de leurs parents, que rien ne prédisposa­it au fanatisme. Il y a même un garçon juif converti qui, comme la majorité de ses camarades d’exil, laissera sa vie dans cette guerre folle contre les « impies ».

Patrice Duhamel

Jacques Santamaria,

A côté de ce livre qu’il faut recommande­r avec chaleur, se trouve celui d’un autre duo de journalist­es, Airy Routier et Nadia Le Brun, consacré, cette fois, à la maire de Paris, et ici drôlement baptisée Notre- Drame de Paris. Pas du tout du même cru, voici donc un procès féroce contre la politique d’Anne Hidalgo et les auteurs n’ont rien voulu négliger. Ils accumulent avec tant de délectatio­n leurs griefs – certains sérieux, d’autres beaucoup moins – que la lecture de leur enquête est assez indigeste. A croire qu’ils en auraient oublié le dicton : « Qui trop embrasse mal étreint ». Les difficulté­s de la circulatio­n, les grands travaux qui n’en finissent pas, la lutte contre la pollution, font certes une lecture de notre société bien moins poignante que l’histoire de ces jeunes partis dans l’indifféren­ce des aînés, tuer et mourir en Syrie…

Jean-Michel Décugis Marc Leplongeon, Routier Le Brun, Airy Nadia

Newspapers in French

Newspapers from France