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J.K. Rowling

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Les écrivains donneurs de leçons, c’est très à la mode. Et avec un titre comme La Meilleure

des vies (Grasset), on pouvait s’attendre au pire. A tort. Le livre reprend le discours que J.K. Rowling – oui, la créatrice de la saga Harry

Potter – a prononcé lors de la remise des diplômes à Harvard en 2008. On imagine bien pourquoi l’université a choisi celle qui a donné naissance au petit sorcier balafré. Mère sans le sou devenue auteure d’une série vendue à plus de quatre cent cinquante millions d’exemplaire­s, traduite en quatre-vingts langues et adaptée au cinéma avec huit films à succès… Le parcours de J.K. Rowling est une vraie success-story à l’américaine. Elle avait donc tout pour faire le job et se distinguer lors de cet exercice qu’on dit en général convenu. Ainsi, la romancière (qui publie aussi des thrillers sous le pseudonyme de Robert Galbraith) surprend son auditoire en faisant l’éloge de l’échec et de l’imaginatio­n. Une véritable provocatio­n dans cette fabrique des futures élites. « L’échec m’a donné une confiance en moi-même qu’aucun succès scolaire ne m’avait jamais permis d’atteindre » , affirme-t-elle en se souvenant d’avoir été « aussi pauvre qu’on peut l’être aujourd’hui en Grande

Bretagne sans être SDF » . Dans la deuxième partie de son discours, elle évoque ses 20 ans et ses études qu’elle finance en travaillan­t pour Amnesty Internatio­nal. Là, elle voit des gens ordinaires se mobiliser pour des femmes et des hommes persécutés dans leur pays, et qu’ils ne connaissen­t pas. Pour J.K. Rowling, cette capacité de « se penser à la place d’autrui » , notre empathie, est ce qui nous rend humains. L’écrivaine – dont on découvre, avec La Meilleure des vies, une nouvelle facette – nomme cela le pouvoir de l’imaginatio­n. Et encourage les jeunes diplômés de Harvard à en faire usage pour penser un monde meilleur. Elle nous touche très fort. Encore un tour de magie… Gladys Marivat

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