Roman étranger
Colson WHITEHEAD Underground Railroad traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin (Albin Michel)
U n livre peut se transformer en symbole. Ainsi, à peine quelques semaines après l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, Colson Whitehead a connu une nouvelle notoriété : Underground Railroad s’est en effet vu décerner coup sur coup le National Book Award 2016 et le prix Pulitzer de la fiction 2017. Sixième roman de l’auteur, cette fresque présente une version alternative de ce qui, sous le nom d’ « Underground Railroad », était resté une allégorie : un réseau de routes clandestines par lesquelles, entre 1820 et 1860, trente mille esclaves ont fui leurs propriétaires. A l’image de Cora qui s’échappe d’une plantation de Géorgie. Remontant de la Caroline du Sud à l’Indiana, en passant par le Tennessee, l’Oklahoma et même New York, elle est poursuivie par des miliciens dont Ridgeway, « tristement célèbre chasseur d’esclaves » . On tient ici un grand récit de libertés, conquises par des personnages marquants. Mais il s’agit également d’un carnet de routes des Etats américains traversés par l’héroïne, et où les conceptions sociales et raciales oscillent entre racisme, conservatisme et progressisme. Devoir de mémoire autant qu’ode à la puissance de la fiction, Underground Railroad compte assurément parmi les oeuvres phares de la littérature anglosaxonne contemporaine. NOMMÉS l Si rude soit le début par Javier Marías (Gallimard) l Les Jours enfouis par Jay McInerney (L’Olivier)