Ni fait, ni Affair
Créée par le duo Hagai Levi et Sarah Treem, à qui l’on devait déjà l’excellente série En analyse, The Affair raconte comment une liaison extra-conjugale entre Noah (Dominic West), un auteur en manque d’inspiration, et Alison (Ruth Wilson) une serveuse endeuillée par la mort de son fils, entraîne une série d’événements qui chambouleront leurs vies – ainsi que celles de leurs proches – à tout jamais. Un canevas a priori simple, mais dont le dispositif narratif (chaque épisode raconte un même événement mais à travers deux, voire trois points de vue différents) rend la série absolument passionnante, l’intrigue prenant de véritables allures de polar tant par sa trame secondaire – un meurtre sur lequel les deux amants sont interrogés – que par les thèmes qu’elle aborde. Plus qu’une énième histoire d’adultère, The Affair porte une réflexion sur le couple, le processus créatif et l’usure des sentiments. Après deux excellentes saisons, la série décide de repartir sur de nouvelles bases avec une troisième saison abandonnant à la fois ses thèmes de prédilection et son gimmick scénaristique, délaissant l’avant pour se concentrer sur l’après. Une intention louable… du moins sur le papier.
Dépouillée de ce qui faisait son ADN, The Affair se retrouve bien vite à court d’arguments, passant du stade de brillante étude de caractères à celui de soap vaguement torturé, croulant sous les effets de manche superflus. Un constat allant de pair avec le départ de Hagai Levi, qui a quitté la série au milieu de la deuxième saison, estimant, certainement à raison, que celle-ci ressemblait de moins en moins à ce qu’il ambitionnait. Heureusement, le jeu fiévreux des acteurs, Dominic West et Irène Jacob en tête, parvient à donner un peu de chair (dans tous les sens du terme) à un ensemble qui avait pourtant si bien démarré. On croise les doigts pour que la quatrième saison rectifie le tir.