Monsieur le Président, je vous fais une lettre…
Entre pamphlet et dénonciation virulente, le dernier livre de Yann Moix reste fidèle à son tempérament.
Osons l’écrire : il y a dans Dehors quelque chose de Bernanos, de Péguy et du Roth de Tricard Dixon et ses copains (pamphlet drolatique trop méconnu où l’auteur de Portnoy et son complexe écrabouillait Nixon et ses ministres). Dans sa longue lettre ouverte à notre président, Moix, lui, prend comme punchingballs Macron mais aussi Florence Parly, Édouard Philippe et Gérard Collomb, « le Javert cacochyme ». Il a, comme dans chacun de ses livres, des morceaux de bravoure où son inventivité verbale et sa verve comique font mouche. Sur le fond, on pourrait pinailler sur plusieurs points, dont celui- ci : on sait que Moix doit beaucoup à BernardHenri Lévy, mais n’est-il pas un peu léger de déplorer la crise libyenne sans dire un mot dudit BHL, qui en est en grande partie responsable ? Si Péguy écrivait que « le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains », faut-il en dire autant du moixisme ? Non. Dehors ne se limite pas à l’exercice de style, à la spéculation hors-sol. De nombreuses pages font froid dans le dos. Et dans ses digressions qui ne sont délirantes qu’en apparence, Moix lève de vrais lièvres et défriche des parts de vérité qu’un discours plus sensé ne toucherait pas – comme quand il reprend à son compte la « mystique de l’exilé » du pape François. Et c’est ainsi que Moix est grand ! L.-H.L.R.