Terre d’asile
Catherine BARDON Histoire d’amour et d’errance, cette fresque traite d’un épisode méconnu : l’accueil de réfugiés juifs en République dominicaine, entre 1938 et 1942.
Les fictions sur la Seconde Guerre mondiale ne sont jamais amais aussi passionnantes que quand elles font un pas de côté et sortent de l’histoire officielle pour en exposer les pans enfouis. Les Déracinés, premier roman de Catherine Bardon, s’intéresse à l’été 1938 au cours duquel se tint la conférence d’Évian. Organisée par les États-Unis, elle avait pour but de trouver des terres d’accueil pour les centaines de milliers de réfugiés juifs qui fuyaient l’Allemagne et l’Autriche après l’Anschluss. Sur les trente- deux pays convoqués, dont la GrandeBretagne, la France et la Suisse, tous refusent. Tous, à l’exception de la République dominicaine qui, par la voix du dictateur Trujillo, promet d’accueillir au moins cent mille Juifs.
Fresque historique haletante, Les Déracinés s’empare de cet épisode, à travers l’histoire d’amour de Wilhelm et Almah. Deux jeunes gens insouciants dont les rêves seront brisés. On les rencontre à Vienne, en 1932, où le journaliste ambitieux tombe amoureux de la riche héritière. La victoire d’Hitler en 1933, l’Anschluss en 1938, les premières restrictions, puis le suicide de proches les jetteront sur la route de l’exil : la Suisse, Lisbonne, Ellis Island, dont ils seront refoulés et, enfin, la République dominicaine. Avec d’autres réfugiés, ils créent un kibboutz dans la ville de Sosúa et, depuis leur paradis sorti de terre, assistent à l’effondrement du monde. Gladys Marivat