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DANS LA BIBLIOTHÈQ­UE DE... Mathilda May

- * V.O. par Mathilda May, 288 p., Plon, 17,90 E

Non contente d’avoir tourné avec Jacques Demy, Michel Deville ou Tobe Hooper, la comédienne est aussi une femme de théâtre très active (son Open Space fut un franc succès). Alors qu’elle prépare son prochain spectacle, cette égérie de Claude Chabrol vient de publier ses mémoires, V.O.*, au franc-parler salutaire. L’occasion pour nous de revenir avec elle sur quelques-uns des livres de sa vie.

« J’ai baigné, enfant, dans l’écriture. Avec un père dramaturge – Victor Haïm –, difficile en effet de ne pas s’intéresser aux textes et à la manière dont ils sont ensuite présentés sur une scène. Je me dois, dès lors, de citer ses pièces – qui, pour l’essentiel, ont souvent été publiées par L’Avantscène théâtre. Et si je ne devais en choisir qu’une, ce serait Comment harponner le requin, avec ces deux personnage­s sur leur lit symbolisan­t un bateau pris par les flots. »

« Ma carrière de comédienne a été marquée par la littératur­e. J’ai notamment interprété le personnage de Colette [dans Devenir Colette de Danny Huston, sorti en 1992], mais je préfère ne pas parler du film… En revanche, j’ai beaucoup aimé ce que Claude Chabrol a su tirer du Cri du hibou de Patricia Highsmith. Il a parfaiteme­nt transposé la tension sous-jacente du roman. L’adaptation, c’est une sorte de traduction, et là, c’était très réussi. »

« Ma première grande émotion de lecture a été sans conteste la découverte de La Métamorpho­se de Franz Kafka. Je devais avoir 12 ans, ou guère plus, et j’ai gardé intacte la sensation provoquée par cette histoire. Je m’identifiai­s complèteme­nt à ce personnage qui, soudain, découvrait qu’il n’était plus lui-même. Preuve que l’imaginaire peut révéler les choses les plus intimes. »

« J’aime également les livres qui “se pratiquent”, généraleme­nt classés au rayon développem­ent personnel. Le Chemin le moins fréquenté, du psychiatre Scott Peck, nous rappelle que la société nous fait croire en une vie facile. Or, il montre que c’est en acceptant la difficulté de la réalité que nous réussisson­s à nous épanouir. Dans le même registre, je vous recommande Libérez votre créativité de Julia Cameron. »

« Récemment, j’ai été très touchée par Les Rêveurs d’Isabelle Carré. En parlant de son enfance particuliè­re, elle a su parfaiteme­nt saisir quelque chose d’universel, et il est difficile de ne pas faire de parallèles entre sa vie et la nôtre, si différente­s soient-elles. Aussi, j’ai adoré La Septième Fonction du langage de Laurent Binet. Il est très fort, car ça n’était pas évident de réussir un roman haletant sur la sémiologie et qui, de surcroît, nous fasse éclater de rire ! »

Propos recueillis par Baptiste Liger

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