TROIS FOIS LA FIN DU MONDE
T
ro rois fois la fin du monde, c’està-dire trois épreuves radicales, trois virages existentiels qui vont accoucher d’une inédite renaissance à soi. Dans ce nouveau roman, qui se place dans l’héritage du mythe de Robinson Crusoé et du survivalisme, Sophie Divry raconte le basculement d’une vie fragile et en marge. Celle de Joseph, un jeune garçon un peu candide et paumé, qui, à la suite d’un braquage ayant mal tourné, se trouve coincé entre les quatre murs électrifiés d’une prison. On le découvre s’initiant avec peine aux difficultés de la vie carcérale, apprivoisant tant bien que mal la violence, les codes, les luttes intestines de pouvoir… Jusqu’au jour où une catastrophe écologique – une explosion toxique dont on sait peu de chose – bouleverse frontalement l’ordre social. Les cadenas sautent, les portes s’ouvrent, les prisonniers se font la malle. Pour échapper aux autorités nouvelles, Joseph erre dans un paysage déserté puis finit par se réfugier dans une maison au fond d’une forêt. Avec pour seuls compagnons un chat et un appareil à musique, le voilà qui commence une existence de reclus solitaire, s’aventure doucement à l’extérieur, réapprivoise les saisons et l’espace, se reconnecte à la nature, cultive un potager. Jouant sur plusieurs registres de langue, resserrant les points de vue, l’écriture de Sophie Divry se dépouille peu à peu, épousant au plus près les formes sèches, à vif, de cette fin d’un monde.