Mary Shelley au cinŽma
Au moment où sort dans les salles un biopic* de la créatrice de Frankenstein, retour sur les diverses adaptations et l’évocation de sa vie au cinéma.
Avant de s’incarner sous les traits diaphanes d’Elle Fanning dans le film biographique réalisé par Haifaa al-Mansour, Mary Shelley a inspiré le cinéma de bien des manières. En premier lieu par l’intermédiaire de sa créature – le monstre créé par Frankenstein –, bien entendu. Cette dernière a ainsi eu droit à près d’une centaine d’itérations cinématographiques plus ou moins officielles, parfois réussies, souvent peu mémorables. Les plus marquantes resteront certainement celles réalisées par James Whale ( Frankenstein, La Fiancée de Frankenstein), Kenneth Branagh (Frankenstein) ou encore Mel Brooks (l’hilarant Frankenstein Junior). Tour à tour sadique, fripon ou afro, le Prométhée moderne de Shelley sera passé par tous les états et tous les pays, notamment le Japon, sous la houlette d’Ishirô
Honda, le père de Godzilla. En France, le monstre aura pris l’apparence d’Eddy Mitchell dans le très daté Frankenstein 90 et, en Italie, d’Aldo Maccione dans la comédie paillarde Plus moche que Frankenstein tu meurs [sic]. On leur préfèrera le plus arty Chair pour Frankenstein, produit par Andy Warhol en 1973, ou encore le romantisme exacerbé de La Promise, dans lequel le chanteur Sting incarne le médecin fou. Et quitte à verser dans la curiosité, citons également Frankenhooker, adaptation underground et mal élevée du roman de Mary Shelley, et les familiaux Monster Squad de Fred Dekker ou Frankenweenie de Tim Burton. Mais l’histoire de Mary Shelley, l’auteure, a également été au centre de films. Ainsi Gothic, de Ken Russell, revient sur cette nuit fatidique de l’été 1816 où Mary Shelley, alors accompagnée de son mari et du poète Lord Byron, inventa le mythe de Frankenstein. Un événement également raconté dans les méconnus Un été en enfer et Remando al viento dans lequel un certain Hugh Grant incarne le sulfureux Lord Byron. La sortie estivale de Mary Shelley, biopic résolument féministe sur le deuil et la création, nous permettra de connaître (ou de se remémorer) sa relation particulière avec sa soeur, sa liaison avec le poète Percy Shelley, la mort de leur premier enfant et l’influence de Byron et de John Polidori sur la genèse de Frankenstein ou le Prométhée moderne [ voir notre rubrique « Biographie d’un classique » de mars dernier]. Ilan Ferry (avec B.L.)