Un cinglé nommé Hinckley
Tenter d’assassiner Ronald Reagan par amour pour Jodie Foster : telle fut l’étrange association d’idées que réalisa John Hinckley en 1981. Le journaliste Clovis Goux a tenté de percer le mystère de ce garçon à problèmes.
Pour ceux qui aiment les profils atypiques, les fans des Beatles offrent un épatant répertoire de déviants – Charles Manson ou Mark Chapman. John Hinckley est moins célèbre, mais pas moins frappé. Né en 1955 et toujours de ce monde, lui aussi vénère les Fab Four. Il a une seconde passion : Jodie Foster, dont la performance dans Taxi Driver avait achevé de lui tourner la tête dans les années 1970 – à ce stade, on est bien au-delà de la cristallisation stendhalienne ou de la jalousie proustienne, névroses bonnes pour les salons. Fou de l’actrice, Hinckley décide de l’impressionner. Pour cela, quoi de mieux que de tuer le président des ÉtatsUnis ? Le 30 mars 1981, il tire six balles sur Ronald Reagan. Touché une fois au poumon, Reagan en réchappe. Ce fait d’armes ne suffit pas à faire chavirer Jodie Foster. Le prétendant éconduit se retrouve bouclé dans un hôpital psychiatrique de 1982 à 2016, date où il put enfin sortir sous haute surveillance. Au début de son incarcération, voici ce que déclarait notre homme : « La psychiatrie est un jeu de devinettes et je fais de mon mieux pour laisser ces imbéciles s’amuser. Ils ne connaîtront jamais le vrai John Hinckley. Je suis le seul à me comprendre. »
Journaliste spécialisé dans la contre-culture, les faits divers et ce qui réunit ces deux tropismes (l’envers du rêve américain), Clovis Goux relève le défi dans Chère Jodie. Qui donc était ce fils à maman gavé de Valium ? Pourquoi les utopies des années 1960 ontelles dégénéré lors de la décennie suivante ? Quand un dépressif désaxé est confronté à l’obsession de la célébrité, ça fait des étincelles. Hinckley est aujourd’hui en liberté. Quels sont ses projets : Make America great again ?
HHHII
CHÈRE JODIE PAR CLOVIS GOUX, 280 P., STOCK, 20 €