LANCE UNE NOUVELLE COLLECTION CHEZ UN ÉDITEUR INDIEN
Baptisée « Quilombola », en référence au village créé au Brésil par des esclaves marrons, cette collection d’essais littéraires ambitionne de « troubler l’ordre établi », confie l’écrivaine à Lire. Le projet est né à Calcutta, où Léonora Miano a été invitée par la prestigieuse maison d’édition Seagull Books, qui publie la version anglaise de La Saison de l’ombre. Elle sympathise rapidement avec son éditeur Naveen Kishore, et programme de venir étudier à la Seagull School of Publishing. Elle nourrit en effet un projet « depuis un moment » : publier des essais « accessibles au grand public, tout en restant exigeants », écrits par « des artistes, des intellectuels ou des activistes ». Pour l’heure, elle a songé à des auteurs « francophones, subsahariens ou afropéens, mais souhaite s’ouvrir à toutes les paroles minorées ».
Faire circuler la pensée
À l’origine, cette collection devait voir le jour en France. Jusqu’à ce que l’éditeur, qui était pourtant venu la « chercher », refuse le projet. Il sera finalement accueilli en Inde chez Seagull Books, qui assurera la traduction des essais vers l’anglais. Cela devrait permettre une meilleure « circulation de la pensée à travers le monde » et « de parler à partir d’autres lieux que les capitales occidentales », se réjouit l’écrivaine depuis le Togo où elle est en train de monter The Quilombo Publishing, qui diffusera les essais sur le continent africain. Tant que tous les textes commandés n’ont pas été livrés, motus sur le nom des auteurs ! précise Léonora Miano, superstitieuse.
« Quilombola » sera lancée en Inde au printemps 2021. D’après Naveen Kishore, l’agent littéraire international Pierre Astier, désigné pour vendre les droits à l’étranger, a reçu des marques d’intérêt de France et d’Allemagne. Qu’une collection créée par une auteure franco-camerounaise avec des écrivains francophones doive aller chercher une maison en Inde pour être ensuite diffusée dans le monde et en France, c’est d’une ironie féroce ! Et matière à réflexion pour le milieu éditorial français… G.M.