POLARS / SCIENCE-FICTION
En Suède, Camilla Grebe est une star du polar. En France, elle s’est fait un beau nom, et ce cinquième livre traduit chez nous relève encore son niveau.
★★★★
L’ARCHIPEL DES LARMES (SKUGGJÄGAREN)
PAR CAMILLA GREBE,
TRADUIT DU SUÉDOIS PAR ANNA POSTEL, 448 P., CALMANN-LÉVY, 21,90 €
S’attaquant à des assassinats de femmes à Stockholm, de 1944 à nos jours, Camilla Grebe relève un défi risqué pour tout romancier : plonger ses personnages récurrents dans des eaux peu courantes. Dans L’Archipel des larmes, on retrouve l ’ e n q u ê t r i c e Malin Brundin et la profileuse Hanne Lagerlind-Schön, héroïnes, chacune à leur tour, de l’une des cinq parties de ce roman puzzle. En février 1944, à Stockholm, une mère célibataire est tuée et retrouvée les paumes clouées au sol. La policière (mère et veuve) qui enquête est également assassinée. Trente ans plus tard, sa fille, qui a choisi le même métier, est obsédée par « l’assassin des bas-fonds » : mêmes victimes, des mères célibataires, tuées et clouées. Dans les années 1985-1986 – où apparaît Hanne Lagerlind-Schön –, puis en 2019 (avec Malin Brundin), des meurtres sont perpétrés là encore avec le même procédé. Chaque fois, la chasse aux tueurs a des conséquences dévastatrices sur la vie de la capitale suédoise et sur celle des héroïnes, elles-mêmes mères. Après trois polars procéduraux où Grebe s’attaquait à des thématiques sociales et politiques, la Suédoise modifie ses codes romanesques pour traiter, avec profondeur, les thèmes des mères célibataires et des violences faites aux femmes. Sans oublier un sens du suspense renversant.