Le meilleur des mondes ?
L’union fait la force, dit-on, et ce ne sont pas les mousquetaires d’Alexandre Dumas qui prétendraient le contraire. Ainsi, Lire et Le Magazine Littéraire ne font désormais plus qu’un. Même si cela a pu dérouter certains, ce mariage apparaît naturel. Ces deux tribunes, qui comptent parmi les plus anciennes de la presse française en activité, se connaissent depuis bien longtemps – Le Magazine Littéraire, rappelons-le, a été fondé en 1966 par Guy Sitbon et, neuf ans plus tard, son cadet Lire est arrivé chez les marchands de journaux, sous l’égide de Jean-Louis Servan-Schreiber et Bernard Pivot. Leur cohabitation s’est bien déroulée et, contrairement à un cliché récurrent, n’a jamais été placé, ou marginalement, sous le signe de la rivalité, chaque titre ayant eu l’intelligence de proposer une ligne éditoriale spécifique, afin que le lecteur puisse suivre un journal ou l’autre. Quitte à valider les deux ou à en changer selon l’époque, l’humeur… Ces magazines ont toujours eu cette même volonté de faire aimer les livres et les écrivains, de donner envie de les découvrir, d’offrir des clés pour approfondir leur lecture. Le temps a passé, les médias ont connu de grands chamboulements, les lectorats ont évolué et il convenait dès lors de s’adapter. Afin de vous proposer aujourd’hui un seul magazine de référence, capable de fédérer des lecteurs aux attentes diverses, mais qui ont en commun de fréquenter les librairies ou les médiathèques, de se rendre aux manifestations culturelles, et, plus généralement, de s’intéresser aux lettres et à ce qu’elles représentent. Et s’ils viennent d’horizons différents, les membres de la rédaction partagent ce même amour des livres – sans doute le moteur le plus puissant pour réussir cette aventure journalistique. Pour mieux répondre aux attentes des habitués de Lire et du Magazine Littéraire, nous avons donc imaginé cette nouvelle publication qui a pour principe d’être, selon une doctrine chère à Bernard Pivot (on y revient), le reflet fidèle de la table des librairies, et de s’ouvrir aux domaines éditoriaux les plus variés – le spectre est large... Le tout en gardant l’ADN de ces deux journaux. Outre «Le cahier critique » et « Le grand entretien » (que nous avions en commun), vous trouverez aussi bien des rubriques récurrentes de Lire (« L’univers d’un écrivain », les extraits…) que d’autres ayant fait la réputation du Magazine Littéraire (« Le grand dossier », les pages débats et idées…). Des nouveautés ? Il y en aura, aussi. Par exemple, nous vous proposerons des articles sur l’enseignement ou la bibliophilie et nous ouvrirons nos pages à de nouveaux chroniqueurs (à vous de les découvrir). En outre, Lire Magazine Littéraire ne se résumera pas à ses seuls numéros traditionnels : nous publierons en effet une dizaine de hors-série par an, consacrés tour à tour aux grands écrivains, à la philosophie, à la langue française et à la culture pop. À ce titre, nous ne devons pas oublier que nous avons tous des intérêts divers et que, selon l’instant, nous pouvons avoir envie de plonger dans un grand classique de la littérature ou une fiction contemporaine, une bande dessinée ou une grosse biographie, un petit polar dit « de gare » ou un essai de sciences humaines pointu sur un domaine qui nous est cher. Cette variété est en chacun de nous, et il convient de la partager. Se réunir, c’est aussi s’ouvrir.