Le four et l’ennui
Si la presse à sensation n’en a que pour le (premier) roman de son fils Raphaël, Jean-Paul Enthoven crée lui aussi l’événement, à sa manière. Avec une fiction érotique qui fera date dans l’histoire du kitsch.
Prudentes, les éditions de l’Observatoire n’ont envoyé qu’au compte-gouttes les services de presse du Temps gagné, le premier roman (à clefs) de Raphaël Enthoven. Pour que le livre, classé people, ne soit pas éventé deux mois avant sa sortie? On a pu malgré tout y avoir accès – enfin, à quelques pages… Enthoven fils dépeint ici son géniteur en snob sans filtre encore plus à côté de ses pompes qu’on ne le pensait – au sens strict, puisqu’on y apprend que, quand il fait chaud, Jean-Paul Enthoven écrit nu.
Pour ne pas contredire sa légende, ce dernier sort Ce qui plaisait à Blanche, une bluette sado-maso dont les héros passent le plus clair de leur temps déshabillés. Résumons l’affaire sans préliminaires: un mystérieux narrateur raconte comment, vingt ans avant, il était tombé sous l’emprise d’une riche chipie ténébreuse qui l’avait entraîné dans des orgies sexuelles entre Capri, Naples et Paris. Le résultat est un festival : Enthoven a l’impression de croiser Nabokov et Casanova mais on dirait Marc Dorcel qui essaierait d’adapter Sodome et Gomorrhe. L’auteur, pas peu fier, y voit « à la fois une sarabande solaire et une danse macabre ». Soyons plus francs : c’est un nanar, mais de première catégorie, de ceux qui vous font pleurer de rire et vous transportent au septième ciel.
Impossible de rater ce porno à moulures qui se lit avec le même plaisir pervers que l’on prend à revoir entre amis Le Jour et la Nuit de Bernard-Henri Lévy. Un chef-d’oeuvre d’humour involontaire dont Jean-Paul Enthoven était le coscénariste – tout est cohérent…