John Le Carré
Si les diamants sont éternels, les espions le sont tout autant. Tout du moins dans la littérature. Ainsi, ceux de John Le Carré restent-ils parmi les plus savoureux et flegmatiques qui soient. Son dernier héros en date, le longiligne Nathaniel, est un « citoyen britannique d’ascendance mêlée ». Membre actif du Secret Intelligence Service britannique de longue date, le Bureau, monsieur a servi la Couronne sous une couverture de diplomate à l’étranger avant de rentrer à Londres. Le « monde du secret » n’a rien de mystérieux pour lui, heureux mari de Prudence et père de Steff, qui l’aime « mais de haut ». Désormais, il a en charge le Refuge, une station annexe du Service. Encore sportif à 47 ans, Nat pratique le badminton à l’Athleticus Club de Battersea, dont il est le secrétaire à titre purement honorifique. Un nouveau membre, Edward Stanley Shannon, va se révéler particulièrement coriace. Chercheur de son métier, Ed le pousse dans ses retranchements sur le court. Mais aussi sur le terrain de la politique, très remonté contre l’Angleterre du Brexit et l’Amérique de l’ère Trump. Ed va rapidement devenir pour Nat « nom de code Delta »…
L’auteur de La Taupe et du Directeur de nuit se montre ici plus
rosse que jamais sur les faiblesses de son pays et de ses dirigeants. À 88 ans, John Le Carré n’a rien perdu de sa verdeur. À la grande joie des lecteurs. S’il est très loin des scores faramineux de Joël Dicker, Elena Ferrante ou Guillaume Musso, le Britannique passionne toujours les amoureux du genre. Début août, Retour de service s’était en effet écoulé à près de 70 000 exemplaires depuis sa parution, le 20 mai. De quoi patienter jusqu’à la sortie en salles de Mourir peut attendre, nouvelles tribulations d’un autre espion
d’anthologie de Sa Majesté, James Bond.