UN DÉBUT À TOUT
La rentrée littéraire a, elle aussi, son lot de « petits nouveaux » (voir aussi page 72). De la satire sociale aux quêtes initiatiques en passant par l’exploration des mythes en terre provençale, cinq premiers romans ont retenu notre attention.
DANY HÉRICOURT BEAUNE TO BE ALIVE
Soigner son ultime phrase, c’est important. Peter, hôtelier frileux, expire après avoir dit ça : « Je file indubitablement vers l’âge où l’on dort en chaussettes. » Nous sommes au pays de Galles en 1985, et
sa fille Seren, 18 ans, se tient à côté de son lit de mort. Elle pourrait faire comme Paul Léautaud dans In memoriam : veiller le père défunt et raconter sa vie en se moquant de lui. Moins désinvolte, elle est frappée par un détail : que fait cette cuillère en argent dans la dernière tasse de thé de Peter ? Renseignements pris, elle semble venir de Bourgogne. Convaincue
que cela cache quelque chose, Seren file vers Beaune cuillère en poche. Une fois l’héroïne arrivée dans la région au volant d’une vieille Volvo, tout lui paraît enivrant : les bizarreries de la langue française, les personnages pittoresques qu’elle croise sur sa route, les châteaux dont elle fait le tour. Avec La Cuillère, Dany Héricourt signe une virée initiatique à travers la Bourgogne. Cette enquête est aussi une quête personnelle – d’où est-ce que je viens ? Quel sens donner à ma vie ? Sans rien dévoiler, disons juste que Seren finit
par rencontrer une vieille dame qui lui donnera un sacré scoop… À certains égards, par sa délicatesse et sa drôlerie, le récit de la Galloise peut rappeler les livres de deux illustres Britanniques : Voyage sentimental à travers la France et l’Italie,
de Laurence Sterne, et Voyage avec un âne dans les Cévennes, de Stevenson. La Cuillère montre que Dany Héricourt a d’autres mystères dans sa ménagère. Vivement qu’elle remette le couvert.