3 RAISONS DE DÉCOUVRIR SALE BOURGE de Nicolas Rodier
UN TITRE CULOTTÉ
Tapageur ou astucieux ? Les avis seront partagés sur le titre choc du premier roman de Nicolas Rodier. Il n’est certes pas le premier à afficher une injure en couverture, mais les autres fonctionnent plutôt sur le mode indirect (Les Brutes, Sauvageons, La Fabrique des salauds, etc.) ou humoristique (les « connasses » chères à la chick-lit). En tout cas, ce titre a le mérite de planter le décor : une famille BCBG de Versailles, qui a le culte du statut social et des apparences mais beaucoup de choses à cacher.
UNE SATIRE GRINÇANTE
Bourge, le narrateur l’est bel et bien : rejeton d’une famille catholique rigide, il est l’aîné de six enfants. Chez ces gens-là, on respecte scrupuleusement les convenances, on fréquente les écoles privées, on se méfie des mésalliances comme de la peste. Dans le secret du foyer, on punit les mômes à coups de trique et on fait preuve à leur égard d’une forme de cruauté mentale.
Sale bourge brosse le portrait saisissant d’une famille dysfonctionnelle, dans un univers social fossilisé.
UN RÉCIT SUBTIL ET POIGNANT
Bien que le sujet prête à la caricature, Nicolas Rodier propose un roman juste, sobre et subtil, écrit en courts chapitres qui sont autant de petits tableaux dramatiques, tels des Polaroid enchaînés. La confession du narrateur, homme faible et attachant auquel la notion du juste et de l’injuste n’a pas été transmise, a quelque chose d’extrêmement émouvant, de même que le portrait de son frère dépressif. Derrière le titre criard, un roman tout en finesse.