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3 RAISONS DE DÉCOUVRIR SALE BOURGE de Nicolas Rodier

- Bernard Quiriny

UN TITRE CULOTTÉ

Tapageur ou astucieux ? Les avis seront partagés sur le titre choc du premier roman de Nicolas Rodier. Il n’est certes pas le premier à afficher une injure en couverture, mais les autres fonctionne­nt plutôt sur le mode indirect (Les Brutes, Sauvageons, La Fabrique des salauds, etc.) ou humoristiq­ue (les « connasses » chères à la chick-lit). En tout cas, ce titre a le mérite de planter le décor : une famille BCBG de Versailles, qui a le culte du statut social et des apparences mais beaucoup de choses à cacher.

UNE SATIRE GRINÇANTE

Bourge, le narrateur l’est bel et bien : rejeton d’une famille catholique rigide, il est l’aîné de six enfants. Chez ces gens-là, on respecte scrupuleus­ement les convenance­s, on fréquente les écoles privées, on se méfie des mésallianc­es comme de la peste. Dans le secret du foyer, on punit les mômes à coups de trique et on fait preuve à leur égard d’une forme de cruauté mentale.

Sale bourge brosse le portrait saisissant d’une famille dysfonctio­nnelle, dans un univers social fossilisé.

UN RÉCIT SUBTIL ET POIGNANT

Bien que le sujet prête à la caricature, Nicolas Rodier propose un roman juste, sobre et subtil, écrit en courts chapitres qui sont autant de petits tableaux dramatique­s, tels des Polaroid enchaînés. La confession du narrateur, homme faible et attachant auquel la notion du juste et de l’injuste n’a pas été transmise, a quelque chose d’extrêmemen­t émouvant, de même que le portrait de son frère dépressif. Derrière le titre criard, un roman tout en finesse.

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SALE BOURGE, NICOLAS RODIER,
224 P., FLAMMARION, 17 €
★★★☆☆ SALE BOURGE, NICOLAS RODIER, 224 P., FLAMMARION, 17 €

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