La loi de la junte
Victimes consentantes de la fameuse déformation professionnelle, les traducteurs se retrouvent souvent, au moment d’écrire, sur les traces des écrivains auxquels ils ont consacré leur vie. Le Brésilien Samir Machado de Machado n’échappe pas à la règle. Traducteur d’Arthur Conan Doyle, il rend, avec Tupinilândia, un hommage appuyé au créateur du légendaire Sherlock Holmes. Mais c’est dans la lignée du Monde Perdu, livre culte qui inspira le Jurassic Park de Steven Spielberg, que s’inscrit son ambitieux et ébouriffant premier roman. Au coeur de la forêt amazonienne, dans un lieu coupé du monde appelé Tupinilândia, un industriel mégalo décide de créer un gigantesque parc d’attractions pour célébrer le Brésil. Mais le jour de l’inauguration, un groupe armé boucle le parc, prend quatre cents personnes en otage et disparaît des radars. Trente ans plus tard, un archéologue part sur les traces de ce fiasco et découvre l’impensable. Au milieu des vestiges du parc, une colonie fasciste, directement sortie d’un roman d’Orwell, s’est développée dans le plus grand secret.
Avec une imagination débordante, l’auteur s’empare du roman d’aventures pour mieux déconstruire ses clichés. Derrière une fiction à grand spectacle se dévoile une réflexion saisissante sur le nationalisme.
Un texte qui résonne avec force à l’heure où la bêtise despotique de Jair Bolsonaro règne sur le Brésil.