Fresque adolescente
L’âge bête à la faveur des réseaux sociaux a inspiré Julien Dufresne-Lamy et Charlotte Erlih, qui signent le premier tome d’une tétralogie dont on suit les jeunes héros au fil des saisons.
« Tu étais si jolie aujourd’hui. » Signé Y. Pas de réponse. Deuxième tentative habilement préparée (pas plus d’un message par semaine). « Je t’imagine
tout le temps. Ça ne suffit pas. Tu es l’inimaginable. » Pour May, ces messages anonymes publiés sur Instagram sont gentiment inquiétants,
mais aussi flatteurs et excitants. Élue la plus populaire du lycée, elle n’a pas hésité
à relater les faits à son groupe, se retrouvant depuis au coeur des spéculations. Entre ceux qui la mettent en garde et ceux qui l’envient, May maîtrise avec classe
sa rentrée. En outre, Néo, son frère jumeau, n’est enfin plus dans la même classe.
Une correspondance se met en place, les chapitres alternent la voix des jumeaux et celle du ou de la mystérieux(se) Y.
En 2020, les interactions sont désormais indissociables des réseaux sociaux. Charlotte Erlih et Julien Dufresne-Lamy l’ont totalement intégré à leur récit. Cela sert toujours l’intrigue romanesque et participe à un jeu littéraire. Réduire
ce texte à un roman sur les réseaux sociaux serait néanmoins une erreur. Difficile
de le lâcher tant les personnages existent ! L’évolution de la relation entre May et Néo apporte aussi une belle réflexion sur la gémellité. Darling#automne est le début d’une fresque. #hiver #printemps et #été arriveront au fur et à mesure de l’année. Dans le prochain, Néo et May seront toujours présents mais incarneront des personnages secondaires. Julien Dufresne-Lamy publie parallèlement un roman de littérature générale. On y retrouve son talent d’explorateur des facettes de l’adolescence. Dans Mon père, ma mère, mes tremblements de terre, Charlie raconte la transition de son père, des perruques planquées à la prise des « cachetons anti-darons », sous forme d’un flash-back depuis l’hôpital où l’opération capitale
est en cours. L’humour et l’amour chers à cette famille n’édulcorent jamais ce douloureux chamboulement.