3 RAISONS DE REDÉCOUVRIR GEORGE ELIOT
ELLE FAISAIT PLEURER PROUST
Henry James et D.H. Lawrence louaient son talent. En 1934, Virginia Woolf qualifiait Middlemarch de « premier roman moderne ». Quant à Proust, il écrivait dans sa correspondance : « Deux pages du Moulin sur la Floss me font pleurer », et citait son nom dans La Recherche.
Si nos voisins anglais reconnaissent en George Eliot l’une des écrivaines majeures de leur panthéon littéraire, son oeuvre semble en France tombée dans l’oubli – un oubli que la parution prochaine, dans la Bibliothèque de la Pléiade, de deux de ses grands romans permettra peut-être de réparer.
ELLE A RADIOGRAPHIÉ LA SOCIÉTÉ VICTORIENNE
Lire ou relire George Eliot, c’est s’offrir une promenade buissonnière dans l’Angleterre victorienne à la rencontre de personnages forts, dont la peinture psychologique, d’une finesse remarquable, alterne avec des rebondissements dignes des meilleurs romans-feuilletons. Mêlant aux destins individuels l’histoire collective, l’auteure avait l’intuition que l’identité d’une personne se définissait d’abord par rapport à un groupe, une identité collective – une idée foncièrement novatrice pour l’époque.
ELLE ÉTAIT MODERNE
Comme l’indique Mona Ozouf dans son essai consacré à « l’autre George » (Gallimard, 2018), la romancière partageait les grandes théories du
xixe siècle (darwinisme, positivisme, foi dans le développement et le progrès), thèmes qui imprègnent son oeuvre. La « petite soeur » de George Sand faisait par ailleurs preuve, comme son aînée, d’un féminisme discret et vantait les mérites de l’amour durable et les vertus de la lenteur.
MIDDLEMARCH (ID.) PRÉCÉDÉ DU MOULIN SUR LA FLOSS (THE MILL ON THE FLOSS), GEORGE ELIOT, TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR ALAIN JUMEAU ET SYLVÈRE MONOD, 1 680 P., LA PLÉIADE, 63 €. EN LIBRAIRIES LE 10 SEPTEMBRE.